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27 mars 2022 7 27 /03 /mars /2022 19:52

 

Dimanche 20 mars 2022 – Villeneuve-sur-Lot

 

« Le Seigneur vit qu’il avait fait un détour pour voir, et Dieu l’appela du milieu du buisson : Moïse, Moïse ! »

 

      Frères et sœurs bien-aimés, même malgré la belle fête de St Joseph notre patron, hier, le Carême continue, et son enseignement, pour nous réorienter, nous faire reprendre avec toujours plus d’ardeur la route de la sainteté… Comme disait St François de Sales : si vous voulez faire un bon Carême, pensez que c’est le dernier !

 

      Aujourd’hui, les textes de ce 3ème dimanche de Carême nous montrent la pédagogie de Dieu pour nous. Dans l’Évangile Jésus nous explique clairement qu’instinctivement nous pensons mal devant le problème du Mal et les difficultés, les échecs : nous imaginons le plus souvent la rétribution de manière automatique : « Tu fais le bien, Dieu te donne du bien ; tu fais le mal, Dieu te punit »

Mais est-ce que Dieu peut faire le mal ?!!! Non. Dieu peut laisser faire, mais ce n’est pas Dieu qui punit, c’est Satan, l’ennemi de Dieu, qui fait le mal et nous tente à le faire.

 

      La plus belle pédagogie de Dieu est dans le Christ, son Fils, et dans cette parabole du vigneron qui veut et qui espère la conversion de notre cœur, notre propre conversion : « Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas. »

Voilà la pédagogie de Dieu qui veut notre conversion, notre ouverture de cœur, notre pardon : le Seigneur fait un détour pour nous, il ne reste pas dans une relation binaire et frontale (bien/mal ; bon/mauvais). Et il nous apprend à faire de même lorsque nous avons un problème, une difficulté de relation, une incapacité de faire mieux, une obsession : « Fais un détour ! Va voir quelqu’un d’autre ; demande l’intervention du Saint Esprit (souvenons-nous que Dieu est justement « Trinité » et pas seulement Père et Fils), d’un saint ; assieds-toi à un autre endroit que d’habitude (tu verras nécessairement les choses autrement !).

 

     C’est ce que fait découvrir le Seigneur à Moïse lorsqu’il veut délivrer son peuple de l’esclavage en Egypte : il le questionne par un buisson étrange, pas habituel, qui brûle sans se consumer, et il lui fait faire un détour pour voir autrement. C’est notre volonté qui est sollicitée, celle d’accepter de changer, nous laisser interroger. Se reconnaître nous aussi fautifs est difficile pour tout le monde, étant donné notre orgueil originel, et l’instinct de rétribution Bien/Mal.

Mais Dieu sait que nous venons de Lui, que nous pouvons rejeter le Mal et nous laisser davantage habiter par le bien, la sainteté. Il veut notre changement mais cela ne pourra se faire que par un détour, et un détour par le confessionnal même !

 

« Le Seigneur vit qu’il avait fait un détour pour voir, et Dieu l’appela du milieu du buisson : Moïse, Moïse ! »

 

                                                                                           Amen.

                                                                                           Père Thibaud de La Serre

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18 mars 2022 5 18 /03 /mars /2022 10:34

 

Dimanche 13 mars 2022 – Villeneuve-sur-Lot

 

 

 

« Beaucoup de gens se conduisent en ennemis de la Croix du Christ. Ils vont à leur perte. Leur dieu, c’est leur ventre. »

 

     Frères et sœurs bien-aimés, nous avons commencé le Carême depuis 10 jours et le Seigneur continue et continuera de nous demander de nous convertir, de changer ce qui ne va pas, le mal.

Le Carême est un temps de privations certes (bonbons, alcool, jeux, cigarette…), pour nous montrer qu’on peut vivre sans et maîtriser ses sens (ses envies, ses addictions). C’est important, même quand on est jeune de faire des efforts…

Mais le Carême ne signifie pas « se priver pour se priver » !!

 

Les privations du Carême doivent nous orienter pour plus écouter la Parole de Dieu, plus partager avec les plus pauvres, plus prendre du temps pour aller voir les grands-parents, les voisins isolés, plus aller à la messe et prier Dieu.

 

Aujourd’hui, dans cet épisode de la Transfiguration de Jésus sur la montagne, les Apôtres entendent le Père du ciel dire : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le »…

Et que dit-il ?! Que pour les sauver, il va devoir passer par la Croix, mourir vraiment, par amour pour nous, et que le Père le ressuscitera le 3ème jour. Ce sont les annonces de la Passion.

 

La signation (le signe de croix) faite sur les futurs baptisés, comme le signe de la croix que nous faisons sur nous, doivent nous le rappeler sans cesse : Jésus a souffert pour toi, par amour, reçois cet appel à aller au-delà du mal, au-delà de la mort !

 

Comment ?

- en faisant le bien, en écoutant ce que Jésus dit et demande

- en lui parlant, en le priant davantage, c’est-à-dire en se tournant vers Lui, comme Abraham, le premier des croyants en un Dieu unique.

Se tourner vers Dieu et le prier, lui parler, cela signifie accepter que nous ne sommes pas tout, nous sommes limités, nous avons besoin de lui et nous le remercions parce qu’il nous a donné la vie !

Être reconnaissant et juste envers Dieu… voilà ce que c’est que d’être davantage chrétiens, de faire le Carême et de ne pas être ennemis de la Croix du Christ.

 

« Beaucoup de gens se conduisent en ennemis de la Croix du Christ. Ils vont à leur perte. Leur dieu, c’est leur ventre. »

 

                                                                                    Amen.

 

                                                                                      Père Thibaud de La Serre

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10 mars 2022 4 10 /03 /mars /2022 23:15

 

06 mars 2022 – Villeneuve-sur-Lot

 

 

« Quand je me tiens sous l’abri du Très-Haut et repose à l’ombre du Puissant, je dis au Seigneur : « Mon refuge, mon rempart, mon Dieu dont je suis sûr ! »

 

         Frères et sœurs bien-aimés, le démon est fort, il ne faut pas sous-estimer sa puissance sur les hommes.. Ici, dans Saint Luc, il « dit, il emmène, il conduit », et il « sait ». Pourtant, il n’a de pouvoir que si nous nous laissons emprisonner par sa terreur et par la peur, si nous nous taisons. La parole est libératrice.

Notre parole, la parole qui déjoue ou dénonce le piège, et la parole de Dieu même :

Exemple aujourd’hui : « Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu », « L’homme ne vit pas seulement de pain », « Tu ne te prosterneras que devant Dieu ».

 

Notre plus grande arme contre le démon est donc la PRIÈRE et le nom de JÉSUS (son regard, son modèle, sa résistance).

Jésus combat avec son Père par sa Parole et par l’Esprit. Il ne se laisse pas démonter par le démon, il connaît son existence, il ne la sur-estime pas mais ne la sous-estime pas non plus. Jésus est « tenté par le diable »… à plus forte raison nous aussi le sommes nous !

Dans le conflit actuel en Ukraine par exemple, le Président de la République nous appelle à la « résilience » : terme scientifique et physique qui est d’être « résistants aux chocs »...

 

Certes cette situation en Ukraine et cette guerre fratricide a et aura de réelles répercussions pour nous ici (pas seulement financières). Mais il ne faut pas se laisser envahir par la peur. Il faut regarder Jésus, appeler Jésus, prier, y compris pour nos ennemis, et ne pas croire que le diable est dans une seule personne. C’est une erreur de jugement.

Il faut prier pour que le Président russe, et toutes les personnes haut-placées qui sont baptisées, qui ont reçu le Saint Esprit, se laissent conduire par le Saint Esprit et reçoivent une parole percutante de Jésus, la Parole de Dieu. Et prier pour le pape qui un jour doit consacrer la Russie au Cœur immaculé de Marie, selon la demande faite par Marie à Fatima le 13/07/1917 !

 

Cette guerre n’est certainement pas religieuse mais elle nous ramène à des armes profondément religieuses : se rapprocher chaque jour de la Parole de Dieu, et se rapprocher de la prière adressée au Père, notamment par Marie… C’est comme cela seulement que « nous écraserons le lion et le dragon » en nous et dans le monde, comme dit le Psaume de ce jour… Ce serpent polymorphe et hideux ! Prions donc lundi et lisons l’Écriture !

 

« Quand je me tiens sous l’abri du Très-Haut et repose à l’ombre du Puissant, je dis au Seigneur : « Mon refuge, mon rempart, mon Dieu dont je suis sûr ! »

 

                                                                                Amen.

 

                                                                               Père Thibaud de La Serre

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10 mars 2022 4 10 /03 /mars /2022 23:01

 

 Carême 2022 – Villeneuve-sur-Lot

« Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit »

 

       Frères et sœurs, en entrant en Carême ensemble, en Église, ce mercredi de pénitence, je voudrais simplement insister sur 2 mots :

 

1) CONVERSION : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » c’est-à-dire « changez »… Non pas « changer de religion », ni se satisfaire du fait que nous déjà « nous croyons à l’Évangile » donc on a rien à changer… mais bien entendre l’appel de Dieu à changer ce qui ne va pas dans notre vie.

Si nous ne décidons pas de vouloir que des choses changent, aillent vers le bien dans notre quotidien, dans notre propre famille, dans notre cœur, nous arriverons à Pâques comme nous sommes maintenant, et nous serons des chrétiens toujours aussi médiocres.

 

Bien sûr, nous ne changerons pas que par notre seule volonté, mais avec la grâce de Dieu. La grâce est donc à demander ! Et il ne s’agit pas de changer ce qui va bien, ou de prendre de trop grandes résolutions trop vite, mais de changer ce qui va mal en nous, et de le faire progressivement.

Le Pape dit cette année dans son message de Carême : « Le Carême est un temps propice pour rechercher et non éviter ceux qui sont dans le besoin ; pour appeler et non ignorer ceux qui désirent l’écoute et une bonne parole ; pour visiter et non abandonner ceux qui souffrent de la solitude. (...) Le jeûne prépare le terrain, la prière l’irrigue, la charité le féconde ».

Pour tout âge, il est possible de vaincre le mal par le bien !

 

2) L’EUCHARISTIE : comme je le disais dimanche, le sacrement de l’Eucharistie est le sacrement qui rassemble l’Église, qui rassemble les chrétiens de tous les âges pour les former, les nourrir, pour les convertir, pour nous apprendre à dire Merci et nous donner des forces spirituelles et humaines.

L’eucharistie (la messe) est donc la garantie que nous ne faisons pas notre petite religion dans notre coin, mais que nous nous laissons vraiment guider par Dieu et par l’Évangile de son Fils… Nous pouvons chacun être « croyants », dans notre cœur, mais recevoir l’Évangile et recevoir les frères que je ne choisis pas et avec qui je vis (ou je sers aussi). Voilà ce qui va faire de nous des « chrétiens », disciples du Christ !

 

      Bon début de Carême à chacun, marchons ensemble, vivons davantage l’Eucharistie (le dimanche mais aussi en semaine pourquoi pas ?), et soutenons-nous pour changer, pour nous convertir !

 

« Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit ».

 

                                                                           Amen.

 

                                                                        Père Thibaud de La Serre

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2 mars 2022 3 02 /03 /mars /2022 22:06

 

Dimanche 27 février 2022 – Villeneuve-sur-Lot

 

 

« Quand cet être mortel aura revêtu l’immortalité, alors se réalisera la parole de l’Écriture : la mort a été engloutie dans la victoire. »

 

 

       Frères et sœurs bien-aimés, à la veille de rentrer en Carême, alors que les lectures de ce dimanche nous apprennent à écouter et à parler avec droiture et modestie, je voudrais vous parler du trésor qu’est l’Eucharistie.

En effet, le Sacrement de l’Eucharistie qui « fait l’Église », comme le disait le Cardinal de Lubac, ce sacrement qui nous rassemble et qui nous forme de dimanche en dimanche, est né d’abord dans le désert et dans la faim : avec le peuple hébreu en Exode de l’Égypte vers la Terre Sainte.

 

       La Manne à cette époque n’est pas un pain délicieux, elle n’est pas comme les mets succulents goûtés pourtant en esclavage en Égypte. Cependant, c’est le pain de la présence quotidienne de Dieu avec les hommes… La saveur n’est pas gustative mais bien existentielle et sensible !

Et plus que la Manne, le pain de vie de l’Eucharistie du Christ et de l’Église, est une nourriture qui unit le passé, le présent et l’avenir… c’est un axe cardinal : pas seulement vertical parce qu’il descend du ciel et vient sur la terre et jusque dans nos corps mortels, mais également parce que le sacrement de l’Eucharistie appelle à lui, oriente, unifie et purifie.

 

       Nous ferons mémoire, à la fin du Carême, du dernier repas du Seigneur avec ses apôtres, et de l’institution de ce sacrement : « Vous ferez cela en mémoire de moi ». Mais dès avant, je voudrais que nous retrouvions tous, jeunes et moins jeunes, la force de cet appel et de ce don qu’est l’Eucharistie au cœur de la messe pour prendre la route du Carême.

 

      Jésus enseigne aujourd’hui qu’un arbre pourri ne peut pas porter de bons fruits, et qu’un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits. Il nous enseigne qu’un disciple doit être bien formé pour égaler son maître et commencer par l’humilité dans son jugement. Mais par l’Eucharistie, le Christ, qui rassemblera tout ce qui fait notre vie : nos intentions personnelles, nos intentions communes, nos mercis et notre demande de pardon, nos espérances et notre confiance. L’Eucharistie va ainsi nous enseigner que tout doit passer par lui, par sa mort, sa Passion, pour être englouti dans sa victoire…

 

       Si nous ne vivons pas l’Eucharistie pour le lui offrir, tout ce que nous vivrons deviendra pourriture.

     Oui, pendant ce Carême qui arrive, retrouvons tous davantage notre compréhension et notre attachement au sacrement de l’Eucharistie qui nous appelle chaque dimanche et même chaque jour à nous rassembler pour former en nous l’âme du disciple…

 

« Quand cet être mortel aura revêtu l’immortalité, alors se réalisera la parole de l’Écriture : la mort a été engloutie dans la victoire. »

 

                                                                                  Amen.

                                                                                  Père Thibaud de La Serre

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17 février 2022 4 17 /02 /février /2022 18:32

 

Homélie du Dimanche 13 Février 2022 – Villeneuve-sur-Lot

 

 

« Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel, qui s’appuie sur un être de chair, tandis que son cœur se détourne du Seigneur. »

 

      Frères et sœurs bien-aimés, aujourd’hui dans l’enseignement du Christ, il est question des deux voies :

 

1) Celui qui s’écarte de Dieu, qui se complaît dans les seules réalités de ce monde, et qui finit par tomber dans les pièges et ricaner avec les méchants, comme le dit le Psaume.

 

2) Celui qui s’appuie sur la loi du Seigneur, qui met sa confiance en Lui et accepte de souffrir aussi en renonçant au bonheur immédiat et en dépassant la faim, les pleurs et les insultes, tout en se gardant des pièges.

 

 

Ce sont deux voies radicales. On peut être dans l’une ou dans l’autre, mais on peut être aussi (le plus souvent peut-être ?) entre les deux…

Ce qui est sûr, c’est que l’on ne peut choisir comme dans un catalogue ou une commande par drive, le Bonheur ou et le Malheur !! On choisit de faire le Bien ou de le faire Mal. On choisit de s’appuyer sur le Seigneur ou de mettre sa confiance dans des mortels.

 

C’est après que vient le Bonheur ou le Malheur, la bénédiction ou la malédiction. Et ce n’est pas forcément totalement ici-bas, puisque l’on est parfois persécuté à cause de notre choix de faire le Bien et de suivre le Christ. Mais il y aura une justice divine !

 

      Jésus nous révèle la vérité sur les réalités de ce monde : la richesse, l’abondance du frigo, le rire, la frivolité, les compliments, la notoriété, etc. Mais également, il nous révèle que le salut n’est pas que dans la sagesse du comportement, la « vie bonne » comme disent les philosophes. Car il y aura toujours le mal, intérieur ou extérieur. Le salut est donc en Dieu, ce « tiers » entre nous et les autres, celui qui n’est pas nous et nous conduit plus loin.

     Je pense ici à l’école de sagesse stoïcienne qui plaît beaucoup à notre époque, même parmi les catholiques, c’est-à-dire choisir la sérénité, s’écarter des problèmes, faire le bien mais sans les autres (car « l’enfer c’est les autres » disait Sartre), choisir d’être « zen ».

 

     Sénèque, parmi les premiers stoïciens, disait : « Ce n’est pas parce que les choses nous paraissent difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles nous paraissent difficiles »...J’adhère bien sûr moi aussi à ce discours ! Ou encore, « Le souverain bien, c’est une âme qui méprise les événements extérieurs et se réjouit par la vertu. »

      ...En apparence, le chemin du bien est facile à trouver ! Mais en fait, c’est ici en soi seul. Dieu reste très loin, voire inexistant, comme si nous n’avions pas besoin de Lui. Nous retrouvons cela aujourd’hui chez Comte-Sponville ou Ferry.

 

     Cependant, la source du malheur est le jour de la mort ! D’où cette école de pensée stoïcienne ou néo-stoïcienne qui prône le suicide ou l’euthanasie, et qui a beaucoup d’échos aujourd’hui.

Dieu n’est pas la seule source de la morale (du « Bien agir »), mais également ou surtout de la vie éternelle et du bonheur éternel ! Voilà ce qui nous distingue du bien agir seul…

 

« Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel, qui s’appuie sur un être de chair, tandis que son cœur se détourne du Seigneur. »

 

                                                                                               Amen.

 

                                                                                              Père Thibaud de La Serre

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8 février 2022 2 08 /02 /février /2022 22:28

 

Dimanche 06 février 2022 – Villeneuve-sur-Lot

 

 

« Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre, mais sur ta parole je vais jeter les filets. »

 

Frères et sœurs, quel mystère que la fécondité spirituelle et la fécondité apostolique ?!

 

        Pourquoi, depuis tant d’année que vous priez pour que vos enfants et petits-enfants aient la foi, si peu sont-ils pratiquants comme vous ? Pourquoi depuis tant d’années que nous prions pour que certains de nos jeunes s’engagent comme prêtres et comme consacrés, nous avons dû voir la fermeture du monastère de l’Annonciade et nous sommes obligés de demander l’aide de diocèses africains pour recevoir des prêtres ? Pourquoi moi-même, depuis plus de 25 ans que je demande à Dieu des prêtres pour notre diocèse et après 11 ans au Service Diocésain des Vocations, je n’ai vu que 2 jeunes ordonnés après moi, et 2 autres pour une autre mission ?

 

        Certains auraient la réponse facile : « c’est à cause de l’Église, du pape, des évêques et des prêtres, qui ne sont pas assez saints et pas assez courageux »… « C’est parce que l’on ne prie pas assez la Vierge Marie ! » Ou encore « parce que l’on a supprimé les petits séminaires et que les écoles sont devenues mixtes ».

Chacune de ces raisons peut être un élément de la réponse. Mais ce que l’on oublie, parce qu’on a les mains dans « le cambouis », c’est que le combat spirituel contre le démon est vif, qu’il a pris beaucoup d’âmes et qu’il semble vainqueur dans beaucoup de domaines    actuellement. « Les temps sont durs » ne dit-on pas… ?!

 

Cependant, comme le dit Saint François de Sales : « Que nous importe-t-il que Dieu nous parle parmi les épines ou parmi les fleurs ? Je ne me souviens pas qu’il ait jamais parlé parmi les fleurs, mais bien dans les déserts et les buissons ! »

 

        Et que nous dit l’Écriture aujourd’hui au sujet de l’appel de Dieu et de la réponse des hommes ?

D’abord, que Dieu appelle toujours pour sa mission, au bord du lac ou dans le sanctuaire (pour Isaïe), Dieu continue d’appeler à sa suite. Ensuite, c’est que ne répondent que ceux qui ont la crainte de Dieu, c’est-à-dire qui ont conscience de leurs limites et qui voient avant tout que Dieu est Dieu !...La craint de Dieu étant un don du Saint Esprit. « Éloigne toi de moi Seigneur, car je suis un homme pêcheur », ou encore «  Je suis un homme aux lèvres impures » ou encore « Je ne suis pas digne d’être appelé apôtre »…

 

       Le Seigneur fait confiance aux hommes, mais pour répondre et pour recevoir ses grâces divines, avons-nous conscience que nous avons besoin de son salut ?

Réentendons le Psaume 137 : « Le jour où tu répondis à mon appel, tu fis grandir en mon âme la force (…) Ta droite me rend vainqueur ».

 

Oui, sommes-nous persuadés que Dieu aime tous ceux qui se perdent et que pour être sauvés, il faut se prosterner devant Lui, le regarder, l’écouter et le craindre ? Alors, nous serons ses serviteurs !

 

« Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre, mais sur ta parole, je vais jeter les filets. »

 

                                                                                                    Amen.

 

                                                                                                   Père Thibaud de La Serre

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4 février 2022 5 04 /02 /février /2022 20:32

 

« Aujourd’hui s’accomplit la parole
que vous venez d’entendre »

Dimanche 30 janvier 2022 – Villeneuve-sur-Lot

 

« Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir. Ce jour-là, nous verrons face à face. »

 

 

       Frères et sœurs bien-aimés, comment ne pas être surpris aujourd’hui par cette attitude presque pascale de l’assistance qui entend Jésus dans la synagogue de Nazareth dès le début de son enseignement public ?

v.22 : « Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche »

v.28 : « Tous devinrent furieux ».

 

       On peut dire que toute foule peut être changeante et manipulable, mais ici il ne s’agit pas d’une foule anonyme, il s’agit de pratiquants réguliers de la synagogue !

D’où vient donc cette animosité ?

1/ Jésus parle vrai, il ne cherche pas à plaire, il est libre de dire et de faire ce que le Père lui demande, même s’il le fait avec amour et respect.

2/ Il s’appuie sur des exemples de l’Écriture, pour montrer que Dieu a toujours pensé comme cela. En l’occurrence que les bienfaits de Dieu ne sont pas réservés au 1er cercle, mais qu’au contraire, Dieu bénit et guérit le 2ème ou 3ème cercle.

Les pratiquants qui croient bien le connaître sont aveuglés. Mais au lieu d’être heureusement étonnés, ils deviennent violents. A la lumière de l’hymne à la charité de Saint Paul, on peut dire « qu’ils manquent de charité »...« J’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien ».

 

Lui, Jésus, nous montre un exemple de charité et de vérité (« Caritas in Veritate » dirait Benoît XVI), tout en faisant de nous des frères et sœurs, enfants d’un même Père.

 

Cela me fait penser à notre gestion commune et individuelle de la pandémie : ceux qui sont vaccinés, pour éviter les formes graves, se protéger soi et protéger les autres ; et ceux qui ne veulent pas de ce vaccin parce qu’il n’est pas vraiment un vaccin et ne protège pas totalement finalement… : qui a tort, qui a raison ?! La réponse pour moi est dans la charité avant tout, dans la vérité, mais pas dans la violence. Car nous sommes des frères, sortis du ventre de la même Mère Église et appelés au Salut par le Même Père !

 

Ecoutons ici Benoît XVI dans son Encyclique Caritas in Veritate au n°19 :

       « Dans l’encyclique Populorum progressio, Paul VI observait que les causes du sous-développement ne sont pas d’abord d’ordre matériel. Il nous invitait à les rechercher dans d’autres dimensions de l’homme: tout d’abord dans la volonté, qui se désintéresse souvent des devoirs de la solidarité; en second lieu, dans la pensée qui ne parvient pas toujours à orienter convenablement le vouloir. C’est pourquoi, dans la quête du développement, il faut « des sages de réflexion profonde, à la recherche d’un humanisme nouveau, qui permette à l’homme moderne de se retrouver lui-même ». Mais ce n’est pas tout. Le sous-développement a une cause encore plus profonde que le déficit de réflexion: c’est « le manque de fraternité entre les hommes et entre les peuples ». Cette fraternité, les hommes pourront-ils jamais la réaliser par eux seuls? La société toujours plus mondialisée nous rapproche, mais elle ne nous rend pas frères. La raison, à elle seule, est capable de comprendre l’égalité entre les hommes et d’établir une communauté de vie civique, mais elle ne parvient pas à créer la fraternité. Celle-ci naît d’une vocation transcendante de Dieu Père, qui nous a aimés en premier, nous enseignant par l’intermédiaire du Fils ce qu’est la charité fraternelle. »

Déficit de volonté et déficit de fraternité… qui mènent au « sous-développement » humain et spirituel. Cela fait réfléchir, n’est-ce pas ?

      Suivre le Christ, cela veut dire se laisser bousculer, se laisser interroger, mais également parler vrai et ne pas manquer de charité. L’espérance ne déçoit pas !

 

« Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir. Ce jour-là, nous verrons face à face. »

 

                                                                                                                              Amen.

 

                                                                                                                              Père Thibaud de La Serre

 

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29 janvier 2022 6 29 /01 /janvier /2022 21:05

 

Dimanche 23 janvier 2022 – Villeneuve-sur-Lot

 

« Jésus, dans la puissance de l’Esprit, revint en Galilée (…) et il enseignait dans les synagogues. »

 

    Frères et sœurs bien-aimés, nous ne sommes pas une religion du Livre, mais de la Parole. La nuance a son importance ! Certes, le livre de la Bible (lu dans le lectionnaire à la messe) occupe une large part de nos liturgies, mais c’est pour entendre l’enseignement de Jésus, Parole de Dieu faite chair. C’est ainsi que, comme au moment de l’anamnèse après la consécration à l’autel, nous nous adressons après l’évangile à Jésus lui-même : « Acclamons la Parole de Dieu : ‘Louange à toi Seigneur Jésus’ ».

    Et justement, ce qui a retenu mon attention, en préparant cette homélie, c’est que le Verbe « enseigner » dans toute la Bible a principalement pour sujet Jésus, dans sa prédication !
La concordance de la TOB nous présente 153 emplois du verbe « enseigner » dans toute la Bible (Ex, Lv, Dt et Ps 118 pour l’Ancien Testament), dont 95 fois dans le Nouveau Testament et très majoritairement dans les Évangiles.

    Jésus guérit, Jésus marche, mais surtout Jésus « enseigne ». Et Saint Luc de rajouter ici « dans la puissance de l’Esprit ». Il est venu pour enseigner : 
- enseigner les scribes, les pharisiens, les pratiquants dans les synagogues le samedi (jour du Shabbat) et dans le Temple de Jérusalem (depuis l’âge de 12 ans) c’est-à-dire interpréter d’une manière nouvelle ce qui était déjà dans les Écritures Saintes, révéler ce qui était dit dans l’Ancien Testament, et revenir à la source de la Loi (les 10 commandements) en laissant de côté tous les préceptes rajoutés…
- Et Jésus est venu enseigner également ceux qui n’étaient pas dans les synagogues : dans les rues, les villages, au bord du lac, sur la route, c’est-à-dire tous, pour annoncer à tous que Dieu est un vrai Père pour les vivants, qu’il nous aime et veut nous sauver. C’est ce qu’il a demandé à ses apôtres avant de les envoyer.

    En cette semaine de prière pour l’unité de tous les chrétiens, nous pouvons nous rappeler que les protestants se sont séparés des catholiques pour se recentrer sur la Parole de Dieu (« Sola Scriptura ») et mettre de côté tout le reste qui leur paraissait superflu. Et que les catholiques depuis Vatican I et Vatican II ont replacé la Parole de Dieu avec importance dans tous les sacrements (cf les vitraux Sainte Bazeille qui sont une catéchèse scripturaire sur les 7 sacrements !).
Aujourd’hui énormément de catholiques lisent ou étudient quotidiennement les textes du jour, nous pouvons nous en réjouir ! Mais encore trop peu la partagent vraiment et en parlent gratuitement dans leur entourage. 

    Nous sommes tous très différents, formant ensemble le Corps du Christ, avec les protestants unis, les évangéliques, les orthodoxes, les anglicans… mais tous nous n’apporterons le Christ, que nous recevons dans la Parole de Dieu, que si nous osons lire et transmettre la Parole de Jésus qui nous dépasse... cette altérité sûre et qui nous bouleverse par sa vie. 
Mais au fond, de quelle manière la Parole du Christ nous bouleverse ? Qu’est-ce qui nous bouleverse ? C’est cela que nous devons laisser émerger pour porter du fruit !

 

« Jésus, dans la puissance de l’Esprit, revint en Galilée (…) et il enseignait dans les synagogues. »

 

                                                                                 Amen.

                                                                                Père Thibaud de La Serre

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19 janvier 2022 3 19 /01 /janvier /2022 20:59

 

Dimanche 16 janvier 2022 – Villeneuve-sur-Lot

 

« La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. »

 

    Frères et sœurs bien-aimés, cette année « C », nous démarrons le temps ordinaire avec Marie, dans l’évangile de Cana. En effet, le début du ministère de Jésus s’est fait avec Marie et par Marie. Il faut donc s’arrêter un peu sur la Vierge Marie, sur sa place dans notre foi et dans l’Église.
    
    Tout d’abord, par cet épisode de Cana où l’on ne parle pas de Joseph (Marie est seule avec Jésus), nous supposons que Joseph est déjà décédé. Jésus a 30 ans. Enfin, ce moment des « noces » rapporté par St Jean n’est pas choisi au hasard : il préfigure les noces de Dieu avec son peuple par le Christ et par son sang. Et qui dit « noces » dit élection entre deux êtres, par choix et par amour :
C’est ainsi que Dieu dit par la bouche d’Isaïe le prophète : « Toi, tu seras appelée « ma préférence », cette terre se nommera « l’Épousée » »… c’est-à-dire que nous sommes nous aussi les préférés du Seigneur.

    Cependant, et c’est là qu’il ne faut pas se tromper sur Marie : la mère de Jésus n’est pas également son épouse ! C’est l’Église, c’est-à-dire nous, qui sommes l’épouse du Christ ! De même que les mères humaines ne sont pas les épouses de leurs fils… vous avez pu remarquer les lignes de crête parfois dans les relations conjugales… !
Une mère, celle qui a porté son enfant, est chargée ensuite, après son éducation plus ou moins difficile, ou plus ou moins facile, de provoquer son envol, avec normalement le père, de lui donner courage et confiance, et non de le garder dans son nid…

    Nous le voyons ici à Cana : Marie s’immisce pour interpeller son fils « Ils n’ont plus de vin », quitte à être incomprise ou rabrouée par lui « Femme, que me veux-tu, mon heure n’est pas encore venue… ». Cette parole pourtant, cette audace de la Vierge sera féconde… Puis, Marie intercède auprès de tous (ici les serviteurs) et nous offre une parole qui a une force incroyable : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le ». Cette parole a vraiment une force d’éternité, elle a toujours son poids actuel : tout ce que dit Jésus, écoutons-le et faisons-le.
Et puis Marie disparaît et nous ne la trouverons que très peu de fois ensuite, au pied de la Croix. 

 

    St Irénée de Lyon, un des premiers théologiens, dit : « Par son obéissance, Marie est devenue pour elle-même et pour tout le genre humain, cause du Salut ».
Oui Marie est et sera montrée comme la modèle des disciples, c’est-à-dire celle qui ÉCOUTE et qui a l’AUDACE de la parole du cœur. Les disciples de Jésus d’ailleurs à Cana sont passifs au départ (ils sont invités) ; c’est Marie qui interviendra d’abord. Puis ils seront actifs (« ses disciples crurent en lui »). De même, ne faut-il pas que nous chrétiens, nous soyons actifs dans l’écoute et l’obéissance à Dieu (la volonté n’est pas de la passivité, au contraire) et « passifs » dans la confiance ou l’audace discrète pour laisser émerger l’œuvre du Fils ? C’est ce que je nous souhaite : de ne pas être chrétiens dans une passivité stérile, et actifs également dans une confiance et une volonté intérieure pour que l’œuvre de Dieu s’accomplisse.

 

    Que notre année nouvelle soit active et passive, ou passive et active !

 

« La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. »

 

                                                                                           Amen.

                                                                                          Père Thibaud de La Serre

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