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23 août 2020 7 23 /08 /août /2020 09:23
L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°25 : SAINT-TROPHIME D'ARLES
L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°25 : SAINT-TROPHIME D'ARLES
 

 

   Bâtie sur des vestiges de l’Antiquité tardive, le chantier de la cathédrale d’Arles commence en 1100. Elle obtiendra un temps le rang de primatiale des Gaules, et demeurera siège d’un archevêché jusqu’à la Révolution. C’est l’un des plus importants édifices du domaine roman provençal. Aujourd’hui, Saint-Trophime est église paroissiale.

 

L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°25 : SAINT-TROPHIME D'ARLES
 
Une histoire très ancienne

      La communauté chrétienne d’Arles est l’une des premières de la Gaule, avec la présence d’un évêque attestée dès 254. Initialement située à proximité du rempart antique de l’Hauture, la cathédrale fut déplacée vers le Ve siècle à proximité de l’ancien forum romain.
     Elle fut élevée en plusieurs phases et l’essentiel du monument que nous voyons aujourd’hui date du XIIe siècle, époque à laquelle sa façade, initialement sobre, fut rehaussée de sa magnifique statuaire historiée. À cette époque, Arles connaît un essor important qui nourrit les ambitions de renouer avec un passé glorieux. Avec la construction de l’église, l’ancien vocable de Saint-Étienne est remplacé par celui de Saint-Trophime, en hommage au premier évêque légendaire de la cité. Le chantier commença vers 1100, la translation des reliques de saint Trophime dans la nouvelle cathédrale eut lieu en 1152.

 

Un joyau provençal

     Le monument possède le plan caractéristique des édifices de Provence : une haute nef de cinq travées, voûtées en berceau brisé et flanquée d’étroits collatéraux ; un transept très court dont la croisée est surmontée d'une coupole et supporte le clocher. Outre d’innombrables trésors architecturaux, le portail possède une statuaire – consacrée au Jugement Dernier – tout simplement admirable de finesse.

      Autre joyau, le cloître. Sa construction est venue achever une réédification du complexe cathédral qui avait débuté vers la toute fin du XIe siècle. À partir du XIIe siècle, l'espace au sud de la cathédrale est occupé par deux grands ensembles : le palais de l'évêque, et le claustrum, un espace réservé à la communauté des chanoines. Les deux galeries romanes (au nord et à l'est) ornées de sculptures sont d'une qualité exceptionnelle. Les deux dernières galeries (au sud et à l'ouest), voûtées sur croisées d'ogives, sont de style gothique et n'ont été réalisées que vers 1370-1380.

     À la fin du XVIIe siècle, Monseigneur de Grignan entreprit une vaste modernisation de l’église, ajoutant notamment des balcons à balustres aux extrémités du transept ainsi que de grandes verrières. Deux nouvelles portes à fronton sont ajoutées sur la façade.
Lors de la Révolution, l’église fut transformée en temple de la Raison, et son mobilier d’origine en grande partie détruit.

Une restauration exemplaire

      À la fin du XIXe siècle, l’architecte en chef des Monuments historiques Henri Révoil entreprend de remettre l’édifice dans le goût médiéval et de supprimer des adjonctions modernes. Ainsi, il procède à la suppression d’un clocheton en haut de la façade, ouvre des fenêtres bouchées et remplace la porte du XVIIIe siècle. En 1873, l’intérieur de l’église subit de grands travaux portant notamment sur la nef, les collatéraux et les tribunes.
Par ailleurs, de nombreuses pièces de mobilier sont ajoutées, tels trois sarcophages paléochrétiens.

     Dans les années 1970, plusieurs interventions ont lieu sur les toitures et le clocher.
En 1980 est lancée l’opération de restauration du portail et de sa statuaire. Partant d’un constat préoccupant (l’importance des dégradations) et inspiré par une approche scientifique, le chantier se révéla comme une opération pilote, drainant des compétences multiples.
Durant sept années (1988-1995), le portail est le point de rencontre de spécialistes venus du monde entier, réunis par une action commune et un même enthousiasme.
Outre la consolidation de la pierre, la technique retenue pour la débarrasser de sa gangue noire fut celle de la micro-abrasion, conduite avec un outillage aussi fin que celui d’un dentiste.

Saint-Trophime est par ailleurs une église à reliques sur la route de Compostelle.

 

Écouter  :

« PaxÆterna », extrait de Lux lucis, par l'ensemble Beatus, Bayard Musique.  

Sophie de Villeneuve

 

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22 août 2020 6 22 /08 /août /2020 07:13

NOTRE-DAME DE LA TREILLE À LILLE

 

L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°24 : NOTRE-DAME DE LA TREILLE À LILLE
L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°24 : NOTRE-DAME DE LA TREILLE À LILLE
 

 

        Notre-Dame de la Treille, à Lille, est née dans la seconde moitié du XIXe siècle de la volonté de la bourgeoisie catholique issue de l’industrialisation. Elle souhaitait ériger une église pour abriter la statue de Notre-Dame de la Treille. En 1854, une première pierre symbolique est posée et un concours international d’architecture lancé.

L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°24 : NOTRE-DAME DE LA TREILLE À LILLE

     Le règlement du concours d’architecture stipulait « que l’on bâtisse une église de style ogival de la première moitié du XIIIe siècle ». Les lauréats proposent un édifice de 110 mètres de long avec une crypte de 2 500 m2 et deux tours surmontées de flèches en façade.

 

Un chantier de longue haleine

     La construction démarre en 1856, mais les moyens financiers ne sont pas à la hauteur du projet qui s’étale dans le temps. En 1935, le béton armé et les structures métalliques remplacent la pierre ; la voûte est surbaissée et les tours de façade abandonnées pour faire place à une façade provisoire de briques. La dernière pierre est posée en 1999. Entre temps, l’église devient basilique mineure en 1904, puis cathédrale en 1913. Mais le sort s’acharne : la statue miraculeuse est volée en 1959.

À l’origine, une statue

     On ne connaît pas exactement l’origine de la statue de Notre-Dame de la Treille. Au début du XIIIe siècle, elle est exposée dans la collégiale Saint-Pierre à Lille. On la mentionne une première fois le 2 juin 1254 à l’occasion d’un miracle. En 1269, une procession annuelle en son honneur est organisée ; elle aura lieu jusqu’à la Révolution. Notre-Dame de la Treille délivre des possessions et guérit les hernies, la cécité, la paralysie ou la peste. Au XVIIe siècle, l'église reconnaît officiellement 54 miracles. La collégiale Saint-Pierre est endommagée lors du siège de la ville par les Autrichiens en 1792. Le sacristain cache la statue chez lui. En 1801, la statue est déposée dans l'église Sainte-Catherine où on l'oublie. Le curé de la paroisse la redécouvre et restaure son culte en 1846. En 1872, la statue est transférée dans la nouvelle cathédrale en construction où une chapelle située dans l’axe du chœur l’abrite. Cette chapelle est construite à la manière de la Sainte-Chapelle.

 

Une façade contemporaine translucide

      En 1983, la ville de Lille décide de restructurer le quartier de la cathédrale. À cette occasion, le diocèse décide de terminer la cathédrale. C’est l’architecte Pierre-Louis Carlier qui achève la façade. Il construit les trois arches gothiques de la façade. L’arche centrale située dans l'axe de la nef est en marbre translucide. En son sommet, un grand vitrail du peintre Ladislas Kijno figure la rosace centrale, tandis que le portail de verre et de bronze est un hommage à la Vierge du sculpteur Georges Jeanclos. L’édifice a été classé au titre des Monuments historiques en 2002.

 

Écouter  :

Ave Maria, de César Frank, par l’ensemble Basilica et Olivier Penin, extrait de Hommage à César. 

Geneviève Pasquier

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21 août 2020 5 21 /08 /août /2020 06:37
L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°21 : SAINT-JOSEPH DE NOUMÉA
L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°21 : SAINT-JOSEPH DE NOUMÉA
 

 

      L’histoire religieuse de la Nouvelle-Calédonie est liée à la congrégation des Maristes qui assura l’évangélisation catholique de cet archipel d’Océanie. Après 8 mois de navigation, les premiers missionnaires arrivent en 1843. En une petite cinquantaine d’années, le diocèse est fondé et la cathédrale Saint-Joseph est consacrée en 1890.

L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°21 : SAINT-JOSEPH DE NOUMÉA
La cathédrale française du bout du monde

 

      La région où se situe Nouméa est habitée depuis le premier millénaire. Ce coin de terre, au large de l’Australie, n’intéresse pas les Européens qui le découvrent au XVIIIe siècle. Au XIXe siècle, Napoléon III fait de la Nouvelle-Calédonie une colonie pénitentiaire. Il érige un bagne sur l’île de Nou en rade de Nouméa. L’île accueille les grands criminels et des personnes que l’empereur des Français voulait éloigner (opposants politiques…) La ville de Nouméa devient le chef-lieu de la région qui se peuple essentiellement de militaires. La cité se développe rapidement grâce aux bagnards, une main-d’œuvre à disposition et corvéable sans beaucoup de ménagement. Les « chapeaux de paille » réalisent l’essentiel des infrastructures de la colonie : routes, système d’approvisionnement en eau, remblai des marécages, bâtiments officiels, etc.

      La cathédrale Saint-Joseph est édifiée dans le cadre de ce plan d’urbanisation. Le terrain est choisi en 1874. Il est situé dans le centre de Nouméa. Les travaux de terrassement commencent en 1876. Un concours public d’architectes est organisé pour établir les plans de l’église. C’est le projet d’un certain Labulle, un ancien bagnard, qui est sélectionné. Les travaux débutent en 1887. La cathédrale est construite à la mode de la fin du XIXe siècle, en style néogothique. Elle est consacrée en 1890. Une soixantaine de forçats a conduit l’ensemble du chantier. La bâtisse est réalisée à partir des matières premières disponibles sur place. Les pierres ont été extraites des carrières voisines. La charpente est en bois de niaouli, le plafond en kaori, les piliers du chœur ont été sculptés à partir de troncs de magnifiques tamanu. Du bois d’acacia et du précieux cohu ont servi aux décors. Des bénitiers faits de coquilles de tridacnes géants accueillent les visiteurs. Le lustre du chœur est une copie de celui de l’église de la Madeleine à Paris. Il a été réalisé avec l’une des toutes premières feuilles de nickel découvertes et extraites de Nouvelle-Calédonie.

 

Les premiers missionnaires

      Le 21 décembre 1843, les premiers maristes arrivent de France à Balade. Il s’agit de Mgr Douarre, des pères Rougeyron et Viard et des frères Marmoiton et Taragnat. La première communauté s’installe à Nouméa le 27 septembre 1873, dans le quartier de la cathédrale qu’ils desservent. Ils fondent dans ce quartier des écoles, un pensionnat, un orphelinat et proposent des cours pour les adultes. Ces missionnaires fondent plusieurs communautés dans toute la région et assurent encore aujourd’hui la pastorale de cette collectivité française du bout du monde.

 

Visite en vidéo
Prière d’un bagnard

      Je n’en finis plus, Seigneur, d’essayer de m’en sortir. Un malheur n’attend pas l’autre. Je n’arrête pas de me décourager; je suis comme un nageur qui prend sans cesse des tourbillons (…) Ah! Si tu déchirais ma nuit, Seigneur, si tu brisais mes chaînes, si tu me faisais sauter le mur… Tu sais, je ne vois plus de lumière au bout de mon tunnel. J’ai toujours ce boulet accablant à ma cheville. (…) J’ai du mal à vivre! Je suis si petit, si faible, et je ne vois pas le jour où tout cela va finir. Je suis malheureux, je n’en peux plus! Ah Seigneur! Desserre mes liens, rafraîchis mon front. Prends ma main, renforce mon pas, je n’ai plus que toi ; ne me déçois pas ; tu es ma dernière chance, mon dernier Feu, ma dernière Main. Ne me laisse pas tomber, j’ai tant besoin de Toi.

 

Chantons Joseph

 

Sébastien Antoni

 

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20 août 2020 4 20 /08 /août /2020 06:42
L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°22 : LA CATHÉDRALE D'ÉVRY
L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°22 : LA CATHÉDRALE D'ÉVRY
 

 

Pour donner un cœur et une identité à une ville nouvelle de la banlieue parisienne, les pouvoirs publics et les autorités catholiques décident de construire une cathédrale. Le chantier démarre en 1991, à une période où l’Église s’interroge sur sa visibilité...

L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°22 : LA CATHÉDRALE D'ÉVRY

     Dans les années 1960, pour réguler l’urbanisation anarchique de l’agglomération parisienne, l’administration française décrète la construction de villes nouvelles autour de Paris. On élève alors en pleins champs des villes-champignons qui regrouperont des populations jeunes, socialement peu homogènes, déracinées, au sein d’un urbanisme rationnel et froid. Vingt ans plus tard, le constat est sévère : de l’aveu même des urbanistes, ce sont des villes sans mémoire et sans âme. Comment donner à ces cités-dortoirs une véritable identité ?

 

Donner une âme à la ville

     À Évry, dans l’Essonne, alors que l’Église est en perte de vitesse et que la culture chrétienne est en train de s’effacer des mémoires, c’est paradoxalement l’idée d’une cathédrale qui émerge. Autour de ce projet se rassemblent pouvoirs publics et responsables catholiques. Car ces derniers s’interrogent eux aussi, après des décennies de discrétion des catholiques, de disparition du sacré et d’enfouissement dans la société. Ils aimeraient retrouver une pastorale de la visibilité. La construction de la cathédrale aura donc un double enjeu, être un lieu de culte et de visibilité de l’Église, et donner à la ville le cœur qui lui manquait. Un projet religieux, mais aussi culturel et patrimonial. C’est d’ailleurs le ministère de la culture, et non l’archevêché de Paris, qui rendra public le lancement du projet et en financera une partie. Le cahier des charges s’annonce compliqué pour l’architecte.

 

Une cathédrale surprenante

     C’est Mario Botta, un architecte suisse qui a déjà réalisé les aménagements du centre-ville d’Évry, qui est chargé de la tâche. Il propose immédiatement un édifice cylindrique. De 34 m de haut en son point le plus élevé, coiffé d’un biseau de verre transparent et couronné de vingt-quatre tilleuls argentés, il sera habillé de brique rouge, à l’extérieur comme à l’intérieur. Les premières pierres sont posées à Pâques en 1991, le chantier débute un an plus tard et dès 1995, le jour de Pâques, la première messe dominicale est célébrée dans la toute nouvelle cathédrale de la Résurrection.

     Circulaire, et non en forme de croix, l’édifice bouscule l’image traditionnelle de la cathédrale. De nombreuses controverses ont d’ailleurs contesté le choix de Mario Botta, qui est agnostique, et que certains soupçonnent même d’avoir caché dans son œuvre des symboles franc-maçons. Néanmoins, quand on entre dans la cathédrale pour la première fois, on est saisi par la lumière, par la pureté des lignes, par la beauté et la simplicité des matières, briques, bois, verre. Tout ici invite au rassemblement et à la prière.

 

Un beau choix d’œuvres d’art

    Quand on entre par le portail principal et que l’on se dirige vers le grand baptistère de marbre blanc, on est accompagné par les douze apôtres, un ensemble de vitraux abstraits très colorés, dessinés par le P. Kim En Joong. Le vitrail du chœur, lui, a été dessiné par l’architecte. Noir et blanc, semi-circulaire, il figure un arbre, symbole de résurrection.

    Une statue de la Vierge en bois du XVIe siècle surmonte le baptistère. Au-dessus de l’autel, un Christ en bois de Tanzanie du XIXe siècle rappelle l’universalité de l’Église. À droite du siège de l’évêque, se dresse une statue contemporaine du saint patron de la cathédrale, Corbinien de Freising.

    Enfin, dans la petite chapelle octogonale de Jour, sous l’entrée principale, trois œuvres de Gérard Garouste en fer forgé invitent au recueillement : une vierge à l’enfant, un christ et un tabernacle.

 

Visiter la cathédrale en vidéo :
Saint Corbinien de Freising
patron de la cathédrale

 

    La cathédrale d’Évry est dédiée bien sûr à la Résurrection du Christ, mais l’évêque Guy Herbulot a souhaité la dédier également à un saint du VIIe-VIIIe siècle originaire de la région, Corbinien de Freising.

    Corbinien naît à Châtres (l’ancien nom d’Arpajon, dans l’Essonne) en 670. Très pieux, il s’installe dans un ermitage, tout près d’une église en ruines qu’il s’attache à reconstruire, à Saint-Germain-de-Châtres (Saint-Germain-les-Arpajon). Sa réputation de sainteté attire à lui des disciples et il fonde avec eux un petit monastère. Il se rend alors à Rome pour demander au pape de bénir cette fondation. Impressionné par sa sagesse et sa piété, le pape l’y renvoie en mission d’évangélisation après l’avoir ordonné prêtre et évêque.

    Mais la charge d’évêque pèse à Corbinien. Il retourne à Rome, espérant en être relevé, passant par l’Allemagne et la Bavière où il rencontre le duc Theobald et ses fils, qui cherchent à le retenir. Mais il repart pour Rome, et l’on raconte qu’au cours de ce voyage, un ours féroce dévore sa monture. Après avoir sermonné et « converti » la bête sauvage, c’est sur son dos qu’il finira sa route.

    Contre son désir, le pape le confirme dans sa charge d’évêque, et l’envoie cette fois en Bavière. Il s’installe à Freising, y construit une église qui deviendra la cathédrale du diocèse de Freising-Munich, et évangélise la région. Il meurt le 8 septembre 730. Ses restes reposent toujours dans la crypte de la cathédrale.

    En 1711, le curé de l’église de Saint-Germain-les-Arpajon demande au diocèse de Freising-Munich une relique de Corbinien. Sa demande est acceptée, et les deux diocèses sont depuis restés en contact. Dans l’autel de la cathédrale d’Evry a été enchassé un morceau de la relique conservée à St-Germain. Et aujourd’hui encore, chaque année le 8 septembre, une délégation bavaroise vient fêter saint Corbinien avec les catholiques du diocèse d’Évry.

 

Écouter  :

Christel Juquois

 

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19 août 2020 3 19 /08 /août /2020 12:07
 
L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°19 : SAINT-DENIS DE LA RÉUNION
L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°19 : SAINT-DENIS DE LA RÉUNION
 

 

« Ile de l’Ouest », « L’île Mascarin », « L’île Bourbon », ce coin de terre de l’Océan Indien a changé plusieurs fois de nom depuis sa découverte au XVe siècle. La Réunion s’enrichit grâce au commerce d’épices, de café et d’esclaves. En 1850, le pape Pie IX érige le diocèse de Saint-Denis de La Réunion.

 

L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°19 : SAINT-DENIS DE LA RÉUNION
Une Église et un peuple composites

       La petite bourgade de Saint-Denis de La Réunion se développe au milieu du XVIIIe siècle. Elle s’organise selon les plans de l’ingénieur Paradis qui veut en faire une grande cité. En 1733, celui-ci prévoit de placer une cathédrale dans « sa » ville, avant même que l’ile ne soit érigée en diocèse. Une première église consacrée au Saint-Sauveur est inaugurée en 1746 à l’emplacement choisi. Au bout d’une centaine d’années elle est détruite et reconstruite. Devenue cathédrale en 1850, avec la création du diocèse, elle est agrandie et consacrée par le second évêque de l’île : Monseigneur Armand-René Maupoint, le 28 septembre 1860. Le bâtiment mesure 45 m de long, 22 m de large, et 20 m de haut. On lui ajoute un haut-vent dans le style néoclassique toscan. Le fronton est décoré d'un haut-relief en terre cuite représentant le martyre de saint Denis. Une dizaine d’années plus tard un plafond à caissons avec nervures dorées de style Renaissance est installé. Ensuite, des fenêtres sont percées pour rendre la cathédrale plus lumineuse. En 1905, un grand décor peint pour le chœur par l’abbé Moirod est envoyé de métropole. Cette peinture sur toile évoque l’histoire de saint Denis et l’histoire religieuse de France. En 1962, le cyclone Jenny détruit le clocher et abîme la toiture. On reconstruit le campanile à côté de la cathédrale pour des raisons de sécurité, en cette région du monde où les cyclones sont réguliers et dévastateurs. En 1998, des travaux de rénovation du bâtiment sont entrepris ainsi que la restauration des toiles du chœur en 2018. La cathédrale est aujourd’hui resplendissante de jeunesse et de ferveur populaire.

 

Contre l’esclavage

       Alexandre Monnet est ordonné prêtre pour le diocèse de Cambrai en 1837. Attiré par la mission, il entre au séminaire colonial pour se préparer à l’évangélisation lointaine.
Il est envoyé à La Réunion en 1840 et est nommé vicaire à Saint-Denis. Farouchement opposé à l’esclavage, il est guidé dans sa pastorale missionnaire par une conviction : « La moralisation, dit-il, n’a aucune chance de réussir sans émancipation. Les esclaves ne seront jamais religieux tant qu’ils vivront sous la dépendance des colons. » Furieux, les riches propriétaires de l’île obtiennent son expulsion en 1846. Le P. Monnet trouve refuge à Madagascar. En 1848, il devient supérieur de la Congrégation du Saint-Esprit et est en contact direct avec Victor Schœlcher et le gouvernement en métropole. L’abbé Monnet est nommé vicaire apostolique de Madagascar en octobre 1848. Il garde des liens avec l’île de La Réunion toute proche et ses anciens paroissiens, sans toutefois pouvoir s’y rendre. L’esclavage est aboli à La Réunion le 20 décembre 1848. Un an plus tard, le 1er décembre, Mgr Monnet meurt à l’hôpital de Mayotte. En mémoire de son action pour l’abolition de l’esclave, son buste a été installé sur la place devant son ancienne église, devenue la cathédrale Saint-Denis.

Une prière

 

Sous la protection de saint Denis, le diocèse et la cathédrale de La Réunion, organisent des réunions de prière. Il est de coutume de prier les litanies à saint Denis. (extraits)

 

Saint Denis, successeur des apôtres,

Saint Denis, prêtre et évêque,

Saint Denis, champion intrépide de l’Évangile auprès des païens,

Saint Denis, sans peur ni crainte devant la menace des persécuteurs,

Saint Denis, fidèle jusqu'au martyre,

Saint Denis, guérissez ceux qui souffrent de la tête,

Saint Denis, exaucez tous ceux qui ont confiance en vous...

 

Un chant

Jean-Marie Vincent a trouvé en l’île de La Réunion sa terre de prédilection. Terre de sueurs, de larmes mais aussi de joie, de rythmes, d'Espérance. Diversité des visages et des timbres de la voix humaine ! L'inspiration vient avec le souffle de la vie, au rythme des pas, dans le bleu des montagnes, le vert des vallées ou le turquoise de l'océan.

 

Sébastien Antoni

 

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17 août 2020 1 17 /08 /août /2020 07:09

SAINTE-CÉCILE D'ALBI

 

L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°17 : SAINTE-CÉCILE D'ALBI
L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°17 : SAINTE-CÉCILE D'ALBI
 

 

 

Construite en un siècle, entre 1282 et 1383, la cathédrale Sainte-Cécile est le joyau de la cité épiscopale d’Albi. Réponse au catharisme, réaffirmation du dogme catholique et de l’identité languedocienne, elle est appelée la « cathédrale rouge ».

L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°17 : SAINTE-CÉCILE D'ALBI
Une merveille de l’architecture sacrée

     Sainte-Cécile est classée au patrimoine mondial de l’humanité depuis 2010. Une reconnaissance évidente au vu de ses qualités artistiques exceptionnelles. Plus grande cathédrale de briques du monde, son allure majestueuse, presque sévère, son gigantisme et son décor unique, font d’elle une des merveilles de l’architecture sacrée.

C’est sous l’impulsion de Bernard de Castanet, évêque du lieu, que commence la construction de cet édifice conçu pour défendre la foi chrétienne contre l’hérésie cathare répandue dans le Midi de la France depuis le début du XIe siècle.

 

Un choc esthétique

       Quand il pénètre par le grand porche de pierres blanches du XVIe siècle à l’ornementation exubérante, c’est un véritable choc esthétique qui surprend le visiteur. Alors que l’extérieur tient de la forteresse militaire, l’intérieur est d’une profusion colorée admirable, entièrement conçu pour offrir une véritable catéchèse de la foi catholique.

Avec ses 20 000 m2 de peintures qui en couvrent tout l’intérieur, son chœur des Chanoines, ou encore l’orgue le plus grand de France, la cathédrale d’Albi offre un ensemble exceptionnel. Mais c’est l’impressionnante fresque du jugement dernier, peinte à l’intérieur de la nef, qui attire les regards émerveillés.

 

Sainte-Cécile, visite guidée par son curé, le P. Paul de Cassagnac :
Le Jugement dernier

      Cette fresque admirable a été réalisée sous l’impulsion de l’évêque Louis Ier d’Amboise entre 1495 et 1500. Elle illustre les fins dernières et exhorte les fidèles à se préparer à la mort en évitant les péchés et en pratiquant la charité. Recouvrant une surface de presque 300 mètres carrés, l’ensemble frappe par son format : avec ses 15 m de haut et ses 18 m de large, il s’agit du plus vaste ensemble peint réalisé en France à la fin du Moyen Âge.

Dans la partie supérieure figure la vision du ciel avec les anges musiciens accompagnés de la cour céleste. En dessous, tandis que deux grands anges font sonner la trompette de la Résurrection et du Jugement, les morts surgissent de leurs tombeaux et comparaissent nus devant le Christ. Dans la partie sud, les élus ont un visage serein alors que les damnés, agglutinés dans la partie nord, supplient et hurlent, effrayés par l’Enfer qui s’ouvre sous leurs pieds. Dans le registre inférieur, les pécheurs, déjà condamnés aux supplices de l’Enfer, se débattent dans des scènes terribles. D’un réalisme incroyable, ces images, destinées à effrayer les fidèles, insistaient sur l’importance de se préparer à la mort tout au long de sa vie terrestre afin d’éviter les effroyables châtiments de l’Enfer.

Le chœur des chanoines

       Ce chœur fermé demeure certainement l’élément le plus impressionnant de la cathédrale. C’est à cet endroit que se réunissaient les clercs pour chanter et célébrer le service divin. Miraculeusement préservé, le jubé est l’un des rares à avoir survécu dans la région Midi-Pyrénées. Beaucoup ont aujourd’hui disparu en France, victimes des destructions révolutionnaires ou des aménagements liturgiques du XVIIIe et XIXe siècles. Réalisée sous l’impulsion de l’évêque Louis Ier d’Amboise à la fin du XVe siècle, cette dentelle de pierre forme le plus grand ensemble gothique de la fin du Moyen Âge.

      À l’origine, 293 statues venaient orner la clôture, mais une grande partie a été détruite sous le régime de la Terreur. Autour du chœur, on aperçoit 33 personnages de l’Ancien Testament, tandis que les empereurs Constantin et Charlemagne viennent défendre les portes latérales de leur épée. À l’intérieur de la clôture, 72 anges entourent sainte Cécile, patronne des musiciens. D’une très grande variété, les personnages ont tous des attitudes différentes : pas un visage ni un costume ne sont semblables, ce qui donne une impression de vie extraordinaire. Le réalisme, le souci extrême du détail et la virtuosité technique montrent toute l’inventivité et le savoir-faire déployés par les artistes pour offrir une galerie digne de la grandeur divine.

 

Écouter  :

« Ave Maria » de Guillaume Bouzignac, extrait de Les plus beaux Ave Maria, Bayard Musique.  

Sophie de Villeneuve

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15 août 2020 6 15 /08 /août /2020 20:33
L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°16 : SAINT-ÉTIENNE DE TOULOUSE
L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°16 : SAINT-ÉTIENNE DE TOULOUSE
 

 

Au Moyen Âge, Toulouse s’est dotée d'une administration collective de huit capitulaires, le «commun conseil de la Cité et du Bourg», plus connu sous le nom de «capitouls». Ce sont eux qui dès 1270, avec le pouvoir ecclésiastique, entreprendront la construction, la transformation et l'unification des deux cathédrales de la ville rose.

 

L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°16 : SAINT-ÉTIENNE DE TOULOUSE
Une histoire née dans la jalousie

     Au XIe siècle, à l’époque de la réforme grégorienne, l'évêque de Toulouse, Isarn de Lavaur, édifie une nouvelle cathédrale sur l’emplacement exact de la précédente. Haute et large de plus de 19 mètres, elle est construite en brique locale, en style gothique méridional, si austère et qui contraste tant avec la légèreté du gothique d’Ile-de-France. À Toulouse, on envie l’audace architecturale des églises du Nord. Pour donner un peu plus de légèreté au bâtiment, on décide de le doter d’une grande rose, similaire dans le tracé à la rose occidentale de Notre-Dame de Paris. Cela ne suffira pas pour calmer la volonté de s’aligner à la mode gothique du Nord.

     Vers 1270, Bertrand de l’Isle, évêque de Toulouse, décide de construire, à côté de la cathédrale d’Isarn, une nouvelle cathédrale grandiose, qui saura rivaliser avec les plus belles de toute la chrétienté. On lui conseille d’envisager une seule cathédrale qui réunirait les deux édifices. Après avoir fait raser le chevet, on commença la construction d’un immense chœur qui devait prolonger la nef de la cathédrale d’Isarn, et former un ensemble harmonieux avec la nouvelle église. Le projet ne sera jamais achevé. Si le nouveau chœur est bien relié à l’ancienne construction, que l’on appelle la nef Raymondine, l’assemblage forcé des deux édifices a désaxé la cathédrale. Le visiteur qui pénètre dans le bâtiment par la porte principale, pour apercevoir l’autel, doit traverser la nef Raymondine puis se décaler de plusieurs mètres sur la gauche pour s’avancer vers le chœur. Ce plan biscornu vaut parfois à la cathédrale de la cité des Violettes le sobriquet de « tuyau de poêle » . Plusieurs projets d’harmonisation ont été proposés dans l’histoire, mais aucun n’a abouti.

       Parmi les curiosités de la cathédrale Saint-Étienne, il y a un magnifique orgue suspendu en « nid d’hirondelle » qui culmine à plus de 18 m de hauteur. Son buffet date du début du XVIIe, il est le plus ancien buffet d’orgue de la riche collection des instruments de la ville rose.

 

Vidéo  : vues extérieures de la cathédrale
Mgr Saliège, un juste parmi les nations

      Jules-Géraud Saliège, est né en 1870 et mort à Toulouse le 5 novembre 1956. Il fut archevêque et cardinal de Toulouse de 1928 à 1956. Dès le 12 avril 1933, peu de temps après l'arrivée en janvier de Hitler à la chancellerie allemande, il dénonce dans une réunion au Théâtre du Capitole la persécution des Juifs menacés par la montée du nazisme. Dans sa fameuse lettre pastorale d’août 1942, Mgr Saliège affirme que « tous les juifs sont nos frères », rappelant aux chrétiens qu’ils « ne peuvent pas l’oublier ». Après l’interdiction de sa lecture par le régime de Vichy, cette lettre est diffusée en secret, transportée à bicyclette dans toute la région. Sans avoir jamais rejoint la Résistance proprement dite, Mgr Saliège fut reconnu « compagnon de la Libération » par le général de Gaulle. Il a reçu la distinction de « Juste parmi les nations ». Il est inhumé dans le chœur de la cathédrale (caveau nord). Il apparaît également, depuis 1951, dans l’un des vitraux de la nef Raymondine.

 

Prière

La cloche de l’angélus de la cathédrale avait cessé de sonner en 1964. C’est grâce à l’association des amis de la cathédrale que les travaux de rénovation ont été menés à bien, et que 55 ans plus tard, le 21 septembre 2019, à midi, les Toulousains ont entendu à nouveau le carillon de l’angélus tinter.

 

L’angélus

. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie,
. Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, …

. Voici la Servante du Seigneur,
. Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie, …

. Et le Verbe s’est fait chair
. Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie, …

. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu,
. Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.


Daigne, Seigneur, répandre ta grâce en nos cœurs, afin qu’ayant connu par la voix de l’Ange l’Incarnation de ton Fils Jésus Christ, nous puissions parvenir par sa Passion et par sa Croix, à la gloire de sa Résurrection, par le même Jésus Christ, notre Seigneur.
Amen

 

Le Gloria en Occitan, la langue de Toulouse et de sa région  !

Sébastien Antoni

 

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13 août 2020 4 13 /08 /août /2020 06:43
L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°14 : SAINT-CORENTIN DE QUIMPER
L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°14 : SAINT-CORENTIN DE QUIMPER
 

 

Cet édifice gothique impressionnant symbolise la puissance des évêques qui ont dirigé Quimper au Moyen Âge. Sa construction s’est étalée sur sept siècles, de 1239 à la révolution industrielle.

L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°14 : SAINT-CORENTIN DE QUIMPER

      Ancienne capitale de la Cornouaille, Quimper vient du vient du breton « kemper » qui signifie confluent. La ville est en effet au confluent de l’Odet et de ses trois principaux affluents, le Steïr, le Frout et le Jet. Quimper existait déjà à l'époque romaine et se situait à l'emplacement du faubourg actuel de Locmaria. Une cathédrale romane, dont il ne reste à peu près rien, s’élevait déjà sur l’emplacement de l’actuelle dont la construction est décidée en 1239 par l’évêque Raynaud. Il entame ainsi le chantier d'une grande cathédrale gothique qui va s'inspirer des constructions d'Ile-de-France et devenir à son tour un lieu d'expérimentation d'où sortiront plus tard des formules adoptées par toute la Basse-Bretagne.

 

Une construction en plusieurs temps

En 1410, les voûtes du chœur sont achevées, tandis que sont posées les verrières dans les fenêtres hautes. En 1424, l’évêque Bertrand de Rosmadec entreprend la construction de la nef et des deux tours de la façade.

Au début du XVIe siècle on s'apprêtait à construire les flèches quand le chantier fut interrompu, sans doute pour des raisons financières. On posa donc des petites toitures coniques au sommet des tours. Les siècles qui suivirent furent essentiellement consacrés à la mise en place de mobilier (monuments funéraires, autels, statues, orgues, chaire à prêcher). Il faut noter l'incendie qui fit disparaître la flèche de la croisée du transept en 1620, ainsi que le sac de la cathédrale en 1793 où pratiquement tout le mobilier disparut.

 

Une restauration à l’heure de la révolution industrielle

À partir des années 1850, l’architecte quimpérois Joseph Bigot entreprend la restauration de l’édifice, principalement le décor des chapelles et la commande de nouveaux vitraux détruits lors de la Révolution française. Sa réalisation la plus spectaculaire reste l’achèvement des deux tours avec la construction des flèches entre 1854 et 1856, financée par les Quimpérois.
De 1989 à 1999, une campagne de restauration révèle l’aspect de la cathédrale à la fin du XVe siècle : restitution des polychromies intérieures avec réapparition des nervures traitées en ocre jaune et ocre rouge, et chaulage général des parements.

 

La déviation de la nef

Une grande et étonnante caractéristique de la cathédrale de Quimper est l'absence d'alignement entre le chœur et la nef. De multiples interprétations ont été avancées pour l’expliquer. On y voit généralement une orientation symbolique reprenant la position de la tête du Christ sur la Croix. Des interprétations plus techniques sont cependant souvent avancées, notamment celles évoquant la nécessité d'asseoir la construction de la nef sur des bases stables en l'éloignant du cours de l'Odet qu'un alignement rigoureux aurait rendu trop proche. Il faut aussi souligner le fait que le chantier du transept fut mis en œuvre en tout dernier lieu, comme si on avait repoussé au dernier moment les problèmes de raccordement (vers 1460).

 

Les trois portails

La cathédrale s’ouvre sur l’extérieur par trois portails. Le portail sud, portail Sainte-Catherine, dessert la porte de l'évêque et l'hôpital implanté sur la rive gauche (préfecture actuelle) et le portail nord, porche des baptêmes, véritable porche paroissial avec ses bancs et les niches pour les statues des apôtres, est tourné vers la ville et complété par un ossuaire (1514). Le porche occidental trouve lui sa place naturelle entre les deux tours. Toute l'esthétique de ces trois portails ressort de l'époque flamboyante : quatre-feuilles, choux-frisés, fleurons, grands gâbles qui coupent les moulures et balustrades. Des pinacles et des niches ornent les contreforts tandis qu'apparaît tout un bestiaire : monstres, chiens, personnages énigmatiques, gargouilles et avec eux, tout un imaginaire au service d'un programme religieux et politique. Si la plupart des statues de saints a disparu, subsiste en revanche un armorial qui fait des portails de la cathédrale une des plus belles pages héraldiques qu'on puisse imaginer : hermine ducale, lion des Montfort, blason de la duchesse Jeanne de France voisinent avec les armes des barons de la Cornouaille avec heaumes et cimiers.

 

Visite guidée de la cathédrale
Saint Corentin et Max Jacob : deux personnages essentiels de Quimper  !

Né à l’époque du roi Gradlon, saint Corentin s’établit en ermite sur l’actuelle commune de Plomodiern pour se consacrer entièrement à la prière. Il réalisa dès lors plusieurs miracles.
Un jour, Gradlon, le roi de Cornouailles, s’en alla chasser avec sa troupe dans l’épaisse forêt qui recouvrait alors la plaine du Porzay. Le roi s’y égara et trouva finalement, fourbu et affamé, l’ermitage de Corentin. Celui-ci réussit le prodige de nourrir toute la troupe grâce à un seul petit poisson. C’était le poisson dont il se nourrissait quotidiennement : chaque jour il n’en prélevait qu’une tranche, puis replaçait le poisson qui dans l’eau se reconstituait aussitôt. Le roi, ébloui par ce prodige, décida de donner son château près du confluent à Corentin et lui demanda de devenir le premier évêque de son royaume.

Max Jacob naît à Quimper le 12 juillet 1876 et meurt le 5 mars 1944 au camp de Drancy. Issu d’une famille juive non pratiquante établie en Bretagne, il se convertit en 1915 au catholicisme suite à une vision. Poète, peintre, ami de tous les artistes de Montparnasse, il sera une figure attachante de ce Paris avant-gardiste du début du XXe siècle. Il trouvera refuge à l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire avant d’être déporté. Son attachement à Quimper et à la Bretagne ne sera jamais démenti. Le musée des Beaux-Arts de Quimper a une belle collection de peintures et gouaches de Max Jacob, illustrant la vie quotidienne bretonne et la ville de Quimper.

 

 

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11 août 2020 2 11 /08 /août /2020 12:25

 

 

  CHRIST SEUL

Paroles et musique : Benjamin et Thomas Pouzin

Glorious 2014 ©

 

 

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10 août 2020 1 10 /08 /août /2020 12:10
L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°12 : SAINT-ÉTIENNE DE METZ
L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°12 : SAINT-ÉTIENNE DE METZ
 

 

       Les travaux de la cathédrale débutent en 1220 et s’étendront sur près de 800 ans  ! Le projet architectural est audacieux. Les merveilles artistiques, les prouesses techniques, l’opulence parfois de Saint-Étienne témoignent de la foi profonde et audacieuse des Mosellans.

 

L’ÉTÉ DES CATHÉDRALES, n°12 : SAINT-ÉTIENNE DE METZ
Huit siècles, quelle histoire  !

      La cathédrale est surnommée la « lanterne du Bon Dieu ». C’est la cathédrale de France qui possède la plus grande surface vitrée (6 500 m2) et les plus grandes verrières gothiques d’Europe. La cathédrale abrite aussi des vitraux réalisés par Marc Chagall au XXe siècle, notamment celui de la Création. Mais Saint-Étienne de Metz comporte encore bien d’autres originalités. Elle est construire sur huit siècles de 1220 à 1903, et présente une belle unité de style gothique qui semble avoir été respectée à chaque campagne de construction ou de restauration. En pénétrant dans l’édifice par le portail occidental aux nombreuses statues « médiévales », les visiteurs ignorent souvent que ce portail, de style néogothique, a été créé de toutes pièces en 1903 par l’architecte Paul Tornow et le sculpteur Auguste Dujardin.

Étonnamment, les deux tours ne sont pas sur la façade principale. Ce sont les tours de l’ancienne collégiale Notre-Dame-la-Ronde, qui fut comprise dans la reconstruction gothique de Saint-Étienne à partir du XIIIe siècle. Les deux églises eurent jusqu’à la fin du XIVe siècle un mur de séparation.

Autre particularité de la cathédrale Saint-Étienne, sa charpente est en métal car son ossature de bois et sa toiture médiévale en ardoise ont brûlé en 1877, enflammées par les feux d’artifices tirés en l’honneur d’une visite de l’empereur prussien Guillaume 1er. Dernière originalité, la cathédrale compte un « empereur-prophète »  : Guillaume II, venu inaugurer le nouveau portail en 1903, y était représenté en statue dans le rôle du prophète Daniel. Après 1918, on lui rasa la moustache pour le rendre à l’anonymat…

 

La cathédrale reporte d’une année (à 2021) les festivités grandioses de ses 800 ans  !

Sous le regard d'un poète

Verlaine est né à Metz. Même s’il n’y séjourne que peu de temps, il évoque à plusieurs reprises la cathédrale comme élément incontournable du paysage messin, notamment dans son poème « Ode à Metz » :

 

Metz aux campagnes magnifiques,

Rivière aux ondes prolifiques,

Coteaux boisés, vignes de feu,

Cathédrale tout en volute,

Où le vent chante sur le flûte,

Et qui lui répond par la Mute,

Cette grosse voix du bon Dieu !

 

Et également dans ses Confessions en 1895 :

« Metz possédait et doit encore posséder une très belle promenade appelée “l’Esplanade”, donnant en terrasse sur la Moselle, qui s’y étale, large et pure, au pied de collines fertiles en raisins et d’un aspect des plus agréables. Sur la droite de ce paysage, en retrait vers la ville, la cathédrale profile à une bonne distance panoramique son architecture dentelée à l’infini. Vers la nuit tombante, des nuées de corbeaux reviennent en croassant, faut-il dire joyeusement ?, reposer devers les innombrables tourelles et tourillons qui se dressent sur le ciel violet. »

Prière

Prière du Jubilé des 800 ans de la cathédrale (extraits)

 

Dieu notre Père, avec tout notre diocèse en fête, nous te rendons grâce pour notre cathédrale, merveilleux édifice dont nous célébrons les 800 ans. C’est le talent d’architectes, de sculpteurs et de maîtres verriers célèbres, mais aussi la foi et le labeur de milliers d’anonymes qui lui ont donné la splendeur qui fait notre admiration. (...)

Trinité sainte, notre Dieu, tu fais de nous les pierres vivantes de ton Église. Donne-nous le courage intrépide d’Étienne, le premier des martyrs (...). Ainsi, nous serons les témoins de ta lumière, afin qu’au Pays de Moselle tout homme, toute femme, tout enfant connaisse un jour le bonheur de te rencontrer, toi notre joie, Dieu de Jésus Christ.

 

La maîtrise de la cathédrale chante Britten

Sébastien Antoni

 

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