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31 décembre 2020 4 31 /12 /décembre /2020 07:29

La sobriété heureuse

      Face à l’urgence, l’Église est poreuse d’un message pour l’humanité en recherche de nouvelles voies. Le Bible, la tradition des Pères, l’Évangile, les ordres religieux ont promu une manière de vivre et d’être qui préserve la création comme don de Dieu et qui protège les hommes des dérives de la possession avide des richesses et de l’exploitation du frère.

       La sobriété heureuse est partout présente chez les peuples de l’Ancien Testament. Le plus souvent nomades, ils devaient régulièrement quitter la terre où ils s’étaient installés pour nourrir leurs troupeaux . Ils étaient bergers comme Moïse faisant paître le troupeau de son beau-père Jéthro (Ex 3). Puis les nomades se sont sédentarisés avant que l’exil ne les jette à nouveau sur les chemins de la traversée du désert. Le peuple de Dieu a gardé mémoire de l’importance de l’eau et de la nourriture. A chaque repas une prière viendra rappeler cela car l’humilité est ce qui nous préserve de l’oubli de notre condition de créature, même quand le peuple, devenu agriculteur, sera capable de produire lui-même sa nourriture. Jésus et ses disciples verront dans la dépendance aux don de Dieu un signe de la liberté des hommes.

        Cela est paradoxal pour l’homme du XXIe siècle. La liberté, nous la situons du côté de l’autonomie, de l’affranchissement, de l’autosuffisance, quitte à ruiner la terre, à l’épuiser, pour nous enrichir toujours davantage. Or, Jésus nous prévient: « Gardez-vous bien de toute avidité car la vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède » (Lc 12,15). 

       Face à l’amour de l’argent et à l’esclavage dans lequel il nous tient, il y a la liberté du cœur, de l’esprit et de l’âme que nous donne la pratique de la vie sobre. La sobriété chrétienne a ceci de particulier qu’elle n’est jamais une fin en soi. Elle est toute entière ordonnée, c’est à dire tournée vers Dieu, la création et les frères. Pour le chrétien, vivre sobrement ne signifie pas vivre moins. Cela signifie avant tout vivre mieux en respectant la loi naturelle, celle que Dieu a mise au cœur du monde et de ses créatures, en apprenant à savourer pleinement ce qui nous est donné et en privilégiant toujours le bien commun.

       Privilégier l’être à l’avoir, le « assez » au « toujours plus », l’équité entre tous les hommes de tous les continents, voilà le nouveau paradigme auquel il nous faut consentir si nous voulons garantir la paix sur cette terre et préparer un avenir aux générations à venir.
S’il est urgent de protéger la création, il est urgent de protéger l’homme qui devient une espèce dénaturée, privée de sa culture et de sa dimension spirituelle.
L’humanité est à un tournant. Et soudain, du plus profond de son histoire, l’oreille attentive de l’homme peut entendre ceci : « Vois ! Je mets aujourd’hui devant toi ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur. Ce que je te commande aujourd’hui, c’est d’aimer le Seigneur ton Dieu, de marcher dans ses chemin, de garder ses commandements. Alors tu vivras et le Seigneur ton Dieu te bénira »(Dt 30,15) C’est une très ancienne Parole qui vient nous rejoindre aujourd’hui.

      La sobriété, pour être heureuse, appelle aussi la recherche de la paix, de la fraternité, du partage. Elle est fille de l’émerveillement, de la disponibilité, d’un cœur grand ouvert. Elle se fonde, pour les croyants, sur l’histoire de l’Alliance voulue par Dieu pour le salut des hommes. Nous pouvons nous mettre à l’écoute des communautés monastiques qui ont promu un art de vivre harmonieux alliant travail intellectuel et travail manuel, vie de prière et vie fraternelle. Elles sont nos maîtres sur le chemin de la sobriété heureuse !

 

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