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10 février 2022 4 10 /02 /février /2022 20:18
Comment trouver les mots justes quand on visite un proche malade
 
HANDS HOSPITAL

P.RAZZO I CIRIC       Mathilde de Robien - publié le 09/02/22

 

   A la veille de la journée mondiale des malades et de la conférence en ligne organisée par Magnificat et Aleteia, le père Arnaud Toury, prêtre et infirmier, apporte un éclairage lumineux sur la place et le rôle, sans cesse à ajuster, de celui ou celle qui visite un proche malade.

 

     La souffrance d’un proche malade ou en fin de vie déstabilise, paralyse parfois. Elle fait naître un certain malaise qui empêche d’être soi-même. Trouver un sujet de conversation adéquat à la situation paraît insurmontable. On préfère alors se taire plutôt que d’être maladroit. Quelle attitude adopter ? Afficher une mine décomposée ou sur-jouer l’insouciance ? Quels gestes poser ? Prendre sa main dans la sienne n’est-il pas trop intrusif ? Mais se passer de gestes physiques ne serait-il pas perçu comme de la froideur ? Le père Arnaud Toury, prêtre du diocèse de Reims et infirmier, auteur de La visite au malade (Magnificat) abordera ce sujet délicat à l’occasion d’une conférence en ligne organisée le 11 février par la revue Magnificat en partenariat avec Aleteia. Il fournit d’ores et déjà quelques pistes pour visiter un malade et faire éclore le dialogue.

Se sentir démuni, c’est bon signe !

     Il arrive de demeurer totalement démuni lors d’une visite à une personne malade. Le père Arnaud Toury est rassurant : « C’est bon signe, de se sentir démuni ! Ce serait inquiétant de savoir exactement comment faire. » Il est normal de ne pas savoir quoi faire ou quoi dire dans la mesure où une partie de la personne malade est devenue inaccessible à ses proches. « La souffrance met la personne malade dans une situation d’incommunicabilité. Elle ne peut pas dire, pas traduire sa souffrance », souligne le prêtre. De ce fait, l’entourage est nécessairement maladroit car il ne sait pas ce que vit la personne malade. Et ce, même s’il a traversé une maladie similaire ! Une des phrases à bannir est : « Je sais ce que c’est » ou « Je sais ce que tu ressens. » Non ! Chaque personne est unique et vit la maladie différemment. Visiter un proche malade, c’est accepter le fait d’être démuni, c’est entrer dans une démarche d’humilité et d’écoute.

 

     Se sentir démuni est bon signe aussi car cela engendre une forme de communion entre la personne visitée et le visiteur. « Les deux personnes sont finalement dans une situation d’incommunicabilité, l’une parce qu’elle ne peut pas dire sa souffrance, l’autre parce qu’elle ne sait pas quoi dire. Dans cette incommunicabilité se trouve une forme de communion », constate le père Arnaud Toury.

2   Offrir sa simple présence

      L’enjeu, lors d’une visite à une personne malade, est de lui faire savoir que quelqu’un est là pour elle, et qu’elle peut faire appel à lui quand elle le souhaitera. Visiter chaque jour et de longues heures une personne malade qui ne parle pas beaucoup pourrait paraître inutile voire absurde. Mais une simple présence a un prix inestimable. « La personne malade a besoin de savoir que quelqu’un est présent », précise le prêtre infirmier. « Elle peut désirer être seule dans sa chambre, mais elle sait que si elle le souhaite, quelqu’un est là ». Paul Claudel écrivait : « Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance. Il n’est même pas venu l’expliquer, mais il est venu la remplir de sa présence. » Celui qui visite une personne malade est appelé à la même vocation. Il peut dire par exemple : « Je n’imagine pas ce que tu vis, je n’ai pas les mots, je serais maladroit et je t’en demande pardon, mais si tu as besoin de moi, je suis là ».

 
Laisser le malade être le sujet de sa vie

      A l’instar de Jésus face à l’aveugle Bartimée, le proche d’une personne malade est invité à ne pas s’imposer et la laisser à la manœuvre. Si le visiteur se met à son écoute, s’il fait de la place en lui pour recevoir les paroles confiées, les petits signes donnés, alors il peut réellement se mettre à son service. Dans l’Évangile, Jésus demande à Bartimée : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (Mc 10, 51) Tout le monde sait ce qu’aimerait l’aveugle ! Mais Jésus n’impose pas son point de vue. « Jésus ne procède pas comme cela. Il le laisse être le sujet de sa vie », engage le père Arnaud Toury, tout en donnant un exemple concret : « Si je prends la main d’une personne malade, je ne la serre pas, je reçois sa main, et lui laisse la possibilité, si elle le souhaite, de se cramponner ».

 

     L’objectif ? Créer un espace où le dialogue puisse émerger, au lieu d’entamer un monologue qui ne laisse que peu de place à l’autre. « La priorité doit être donnée à la parole du malade », souligne le prêtre. Ce qui n’exclut pas des temps de silence, qui, comme dans la liturgie, permettent de faire résonner la parole.

Vous pouvez vous inscrire dès maintenant à la rencontre en ligne avec le père Arnaud Toury en cliquant ici

MAGNIFICAT-ALETEIA.jpg
 
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21 janvier 2022 5 21 /01 /janvier /2022 13:15

              La quatrième vidéo de la série #IamChurch (merci de cliquer sur la photo)

 

     La quatrième vidéo de la série #IamChurch est une réflexion du prêtre jésuite australien Justin Glyn, S.I., qui - partant de sa condition d’handicapé - aborde la question de la limitation, qui appartient à tout être humain.
Glyn - qui a traité le même sujet dans un numéro de La Civiltà Cattolica (en italien) et dans de nombreux autres essais - réfute l'idée encore trop répandue que le handicap est une faute et affirme :
« Nos limitations ne sont pas des malheurs ou des punitions, mais font partie du secret de notre condition d'êtres humains qui, à leur manière, partagent l'image de Dieu et construisent ensemble le Corps du Christ ». C'est dans cette perspective que, lorsqu'on parle du handicap dans la vie de l'Église, il est possible de dire - enfin « Nous » et non « Ils ».


     Les propos de Glyn montrent combien la réflexion des chrétiens qui vivent eux-mêmes cette condition est importante pour ouvrir une approche différente du handicap, tant au niveau théologique que pastoral. Ils nous aident également à ne pas considérer ceux qui vivent un handicap uniquement comme des destinataires passifs de l'attention de l'Église, mais à découvrir une vocation commune à tout fidèle baptisé. « Nous ne sommes pas appelés à la perfection en tant qu'individus. Non ! Nous sommes tous appelés à partager la nature limitée et vulnérable que nous croyons que le Christ est venu partager avec nous ».


     #IamChurch est une initiative du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, dans le cadre de l'Année « Famille Amoris Laetitia ». Il s'agit d'un voyage à travers cinq vidéos, à la découverte de personnes trop souvent victimes de la culture du déchet, qui témoignent d'une humanité souriante et pas du tout victimaire : un visage séduisant de l'Église. Des femmes et des hommes, laïcs et consacrés, théologiens ou simples fidèles, qui montrent la complexité et la richesse du monde du handicap.

 

Tag(s) : #Eglise Universelle
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18 janvier 2022 2 18 /01 /janvier /2022 20:48

 

Passez 52 minutes de respiration avec les moines de l'abbaye de Hauterive

alors que notre chère abbaye cistercienne de Ste Marie du désert (près de Toulouse) ainsi que celle de Notre Dame des Neiges (où St Charles de Foucauld a appris la vie monastique) en Ardèche viennent de fermer.

 

Tout y est, beauté des lieux, odes à la nature, à la vie, à la tendresse pour ce cheval blessé, à l'amour, à Dieu, à la création divine dont nous sommes tous.

 

L'abbaye d'Hauterive, est une abbaye cistercienne fondée en 1138 par Guillaume, seigneur de Glâne, à Hauterive, aujourd'hui en Suisse dans le district de la Sarine du canton de Fribourg (Chemin de l'Abbaye 19, 1725 Posieux, Suisse). C'est la plus ancienne abbaye cistercienne de Suisse romande qui soit encore vivante.

 

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10 décembre 2021 5 10 /12 /décembre /2021 07:52
 

 

Le père Gaëtan de Bodard, aumônier des sapeurs-pompiers de Paris, commente l’évangile du 2e dimanche de l’Avent à travers le sens chrétien du sapin de Noël. Dressé vers le Ciel, le sapin est le symbole de l’arbre de la Genèse revêtu de la lumière du Christ sauveur.
 

Frères et sœurs bien aimés, pouvons-nous parler ce dimanche du sapin de Noël qu’en principe vous avez commencé à installer dans vos maisons, à l’occasion de notre entrée en Avent ? Peut-être êtes-vous en train de protester intérieurement : « Quoi, le sapin ! Il est gonflé ! Qu’il parle plutôt de la crèche : ça c’est du catho pur jus, 100% garanti ! Mais pas le sapin ! Ou alors la Parole de Dieu ! Il ferait mieux d’en parler et de s’appuyer sur les textes de ce dimanche ! » Eh bien, justement, c’est parce que je me fonde sur les lectures du jour (Ba 5, 1-9 ; Ps 125 ; Ph 1, 4-6.8-11 ; Lc 3, 1-6) que je voudrais évoquer avec vous cet aspect « folklorique » de l’Avent et de la préparation à la fête de la Nativité qu’est le sapin, et de voir en quoi celui-ci peut nous aider à tourner davantage nos âmes vers Dieu.

Le Christ en gloire

Le sapin est entré, ou va entrer dans ces prochains jours, dans un grand nombre de nos maisons. Catholiques ou pas, croyants ou pas, beaucoup de nos concitoyens ont conservé la tradition de l’arbre de Noël et le décorent avec soin : les guirlandes brillantes, scintillantes, clignotantes, les boules multicolores et une belle étoile dorée au sommet de la ramure. J’espère seulement, mes frères, que ce n’est pas seulement du tape-à-œil, du clinquant, voire un cache-misère pour dissimuler, le temps des fêtes, notre inquiétude, nos soucis. Un petit coup de booster au moral… pour replonger plus bas quand le sapin ira rejoindre la poubelle en janvier et ces décorations un carton planqué en haut d’un placard jusqu’en décembre prochain !

Nous, catholiques, à travers cet arbre symbolique revêtu d’une parure chatoyante, nous pouvons voir le Christ en gloire…

Nous, catholiques, à travers cet arbre symbolique revêtu d’une parure chatoyante, nous pouvons voir le Christ en gloire : le sapin est un arbre tout simple mais qui peut se révéler si grand en développant si haut sa frondaison vers le Ciel. Comment ne pas voir à travers lui ce tout petit bébé de la crèche, né comme un pauvre, adoré par des pauvres, qui est pourtant Celui que nous avons fêté il y a peu comme le Christ-Roi de l’univers ? À la fois tout petit et si grand !

L’arbre de la Genèse 

Et puis, certains voient en cet arbre une représentation de l’arbre de la Genèse : les boules rouges symbolisent le fruit interdit, la guirlande le serpent tentateur mais l’étoile à son sommet — l’étoile du berger — nous rappelle que Dieu est venu en ce monde pour racheter tous les hommes. C’est ce que nous fêterons lors de la fête de l’Épiphanie. Dès lors, nous pouvons entendre d’une autre oreille l’exhortation du prophète Baruc : « Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère, et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours, enveloppe-toi dans le manteau de la justice de Dieu, mets sur ta tête le diadème de la gloire de l’Éternel » (Ba 5, 1).  Nous sommes sauvés, sauvés par Jésus Lui-Même qui est Dieu qui S’est fait homme. Elle est là notre espérance et notre joie. 

 

Alors oui, nous sommes bousculés et bien secoués en ce moment et les nouvelles consignes sanitaires viennent en rajouter une couche, nous replongeant dans cette période compliquée que nous espérions bien derrière nous… Mais nous sommes invités, résolument, à entretenir cette vertu d’espérance en nous. C’est le cri du cœur de saint Paul : « J’en suis persuadé, Celui qui a commencé en vous un si beau travail le continuera jusqu’à son achèvement au jour où viendra le Christ Jésus » (Ph 1, 6). Le Seigneur ne nous abandonne pas à notre triste sort. Au contraire, Il nous sauve, Il nous relève, Il nous rachète en permanence, à chaque instant. C’est ce qu’annonce le prophète avec enthousiasme, cité par l’évangéliste saint Luc : « Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis » (Lc 3, 5). Il n’y a pas de crevasses, de ravins trop profonds ou inaccessibles à la grâce divine ! Nos montagnes d’orgueil, de suffisance de certitudes fondront comme cire devant la toute-puissance de Dieu et même ce qui est tordu, abîmé ou bancal dans nos vies peut être rétabli, affermi, guéri par le Seigneur.

Revêtu de lumière

À travers le sapin de l’Avent, cet arbre du péché du livre de la Genèse est à présent revêtu de lumière car le Seigneur est venu habiter notre monde si obscur, endosser notre vie humaine et lui donner une incomparable noblesse. C’est ce que nous disons dans le Credo : Jésus, qui est « consubstantiel au Père », « S’est fait homme » « pour notre Salut ».

Devant votre beau sapin scintillant, gardez à l’esprit que celui-ci nous dit un peu de cette splendeur de la Rédemption — Dieu qui rachète Lui-Même nos péchés — et, qu’à sa façon, il nous dévoile la beauté de cette lumière qui nous attend au Ciel. Et ceux qui sont mis devant les portes des magasins ou dans les vitrines, voyons-les comme un écho de la « voix de celui qui crie dans le désert » (Lc 3, 4). Beaucoup de nos contemporains qui se ruent dans les magasins pour dépenser, faisant de la Nativité une simple fête commerciale, ne les voient même plus, tellement ils font partie du packaging commercial de Noël. Mais nous, nous savons qu’ils peuvent tourner nos âmes vers le Ciel et qu’ils nous invitent à rendre grâce à Dieu pour le don de tout Lui-Même en Jésus. Avec le psalmiste, redisons « Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous : nous étions en grande fête ! » (Ps 125) Et que cette fête perdure en nous et porte du fruit !

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5 août 2021 4 05 /08 /août /2021 20:53

 

    

        Aide à l'Eglise en Détresse AED 

 

« En deux secondes, nous avons tout perdu. » L’hôpital des Sœurs de Notre-Dame-du-Rosaire a été en grande partie détruit par les explosions à Beyrouth, en août 2020. « Aidez-nous à reconstruire ce couvent, pour que nous puissions maintenir notre présence auprès de ceux qui en ont besoin. »

 

👉 Aidons le Liban à se reconstruire : https://don.aed-france.org/liban-reco...

Comment aider les Libanais

avec Franck Ferrand, Natasha St Pier et Grégory Turpin

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12 juillet 2021 1 12 /07 /juillet /2021 06:21

 

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6 juin 2021 7 06 /06 /juin /2021 15:43

Père Michel Martin-Prével, cb - Publié le 02/06/21

 

Prononcer « je t’aime », « pardon », « merci » et témoigner du service et de la tendresse. Autant de manières d’entretenir l’amour dans le couple.

 

       Combien de fois avons-nous entendu des personnes nous dire « je suis croyant, mais pas pratiquant », pour s’en faire presque un titre de gloire, comme s’il suffisait de croire et comme si pratiquer faisait un peu dépassé. De même dans la vie à deux, on se dédouane facilement d’avoir à pratiquer l’amour quand on est sûr d’aimer l’autre et quand cela doit suffire à le contenter. « Tu sais bien que je t’ai dit « je t’aime » quand on s’est marié, et que c’est toujours valable ! » Seulement voilà, celui qui se sait aimé, apprécie encore plus de se l’entendre dire, montrer, prouver par des gestes, des paroles, des attitudes. Le feu dans l’âtre n’a-t-il pas besoin d’être alimenté régulièrement en bûches et d’être secoué souvent pour ranimer la flamme. L’amour serait devenu une telle émotion incontrôlable que sa disparition ou son éclipse se perçoit comme un manque de chance et non comme un déficit de preuve à fournir dans l’action.

L’amour qui vient d’ailleurs certes et que l’on reçoit comme un don, surtout au début, demande ensuite à se pratiquer, comme on doit muscler un corps si on ne veut pas qu’il s’atrophie, comme toute vertu qui doit s’exercer et se perfectionner pour prétendre faire son effet bénéfique. On apprécie bien volontiers les gestes de l’autre qui nous disent son amour, et nous oublions que nous avons à lui prodiguer les nôtres en retour. Comme la foi vient aussi en pratiquant, si nous commencions par la pratique avant la foi, l’exercice de l’amour avant d’aimer. Car l’amour vient en aimant, il se fortifie en s’exerçant. Voici cinq points d’attention quotidienne : dire « je t’aime », « pardon », « merci » et témoigner du service et de la tendresse.

1 dire Je t’aime

     Cela doit arracher la bouche à certains d’avoir à prononcer ce mot magique dès le matin ou en se retrouvant le soir, tellement il se fait rare au long des années ! Les fiancés se le disent cinq fois par jour, les jeunes mariés cinq fois par semaine, les couples plus mûrs cinq fois par mois et je connais de vieux couples qui ne se sont pas dit : « Je t’aime » depuis plusieurs années. La dignité de l’homme réside dans sa capacité à parler pour communiquer dans diverses situations, mais surtout de façon excellente pour se redire souvent l’essentiel de son engagement. Le « oui » initial se renouvelle dans ces « je t’aime » réguliers. On ne mesure pas toujours la puissance de ces trois mots qui commencent par « je », pour nous inciter à nous mettre en action, puis par « toi », qui est le destinataire de l’amour et qui nous détourne de nous-mêmes et enfin par le résultat, « aime », qui est un verbe d’action ! Les espagnols disent Te quiero et les italiens Te voglio bene en mettant en premier l’autre et en oubliant le « je » ! Des variantes nombreuses existent : « Tu es mon amour, ma biche, mon trésor… », aux effets tout aussi délicieux.

2 dire Pardon

     Ce petit mot magique est difficile à prononcer parce qu’il demande de l’humilité, de la gratuité scandaleuse, de l’abandon d’être payé de retour pour une offense reçue. Pourtant cet effort apporte tant de paix et de réconciliation que l’on est étonné que beaucoup ne le pratiquent pas, soit par manque d’éducation à cette bonne habitude, soit par difficulté intérieure à vivre ce processus étrange, parce que divin, mais accessible et simple. Là aussi en forgeant, on devient forgeron. On vit le pardon dans les petites choses pour les vivre ensuite dans les grandes offenses. Chacun faisant sa part à son rythme : « je te pardonne » pour l’un et « je te demande pardon » pour l’autre. Pardonner est un synonyme d’aimer. Essayer le pardon, c’est l’adopter !

3 dire Merci

     Notre monde redécouvre la gratitude, vertu connue des anciens, surtout quand elle est aimantée par l’Auteur de la grâce. Dans le couple, il s’agit de remarquer plus souvent les bonnes choses chez l’autre que ses défauts, de faire taire les reproches pour penser à encourager plus souvent, pour se réjouir de ce qui fait du bien avant de corriger ce qui va mal. Gary Chapman parle des paroles valorisantes comme d’un langage spécifique de l’amour, bon sésame pour nourrir la communion. Un « merci » donné du fond du cœur refait un cœur attristé par la fatigue, un conjoint fermé par une dispute, un esprit affligé par la lassitude. Un merci enflamme l’œil d’un sourire retrouvé.

4 Rendre service

     Comme le vent ne se voit pas en tant que tel, sinon dans ses effets, fumée qui s’incline, feuilles qui s’agitent, l’amour ne doit pas rester théorique mais se prouver par le désir d’aider l’autre, de lui rendre service. La main prolonge le cœur, c’est bien connu. Et la main fait des merveilles pour prendre sa part de travaux domestiques, pour réaliser sa part dans l’éducation des enfants et les multiples services qui font du bien à l’autre conjoint. Autre langage de l’amour qui ne doit être réservé à personne, mais nous concerne tous.

5 Témoigner de la tendresse

     L’amour a trois marqueurs essentiels qui l’incarnent bien profondément au cœur de la vie conjugale : le pardon, le service et la tendresse. En l’absence de l’un ou deux d’entre eux, il n’est pas étonnant que l’amour s’étiole. La tendresse n’est pas dans le tout ou rien, mais, entre grands ébats sexuels et superbe et froide juxtaposition, elle loge dans le quotidien des gestes, des paroles, des sourires, et une bienveillance affectueuse. Embrassades chastes, caresses délicates, mots tendres et regards appuyés nourrissent les instants fugaces mais réconfortants des époux attentifs l’un à l’autre. Pas besoin d’un calme plat dans les rapports pour s’y sentir poussé, mais inversement s’adonner à ces exercices de tendresse pour retrouver le cœur de l’autre. Cela s’appelait faire la cour au temps des amours courtois qui auraient été oubliés dans la tornade de la révolution sexuelle. La tendresse englobe la sexualité et lui donne ses quartiers de noblesse.

 
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20 février 2021 6 20 /02 /février /2021 09:31
Marie, Marthe et Lazare : la famille, ou « la grandeur de ce qui est petit »
 

Marcelo Figueiroa, capture @ TV2000

Marie, Marthe et Lazare : la famille, ou « la grandeur de ce qui est petit »

L’Osservatore Romano consacre 2 pages aux « saints de Béthanie »

 

      Rédacteur en chef de l’édition argentine de L’Osservatore Romano, lancée en 2017, Marcelo Figueroa est un presbytérien argentin, bibliste, ami du pape François.

 

     En cette période de pandémie planétaire, l’auteur invite à accepter la tension entre la « fraternité » mondiale et la « famille », les « proches » qui représentent « ce qui est tangible, quotidien et familier » ; entre le « regard universel », et celui, « incontournable », qui se concentre « sur ce qui se passe dans mon village, ma famille, ma communauté ».

     Rappelons que, depuis le 2 février dernier, Marthe, Marie et Lazare, qui ont accueilli Jésus chez eux à Béthanie, sont désormais inscrits au Calendrier romain général, pour être célébrés dans toute l’Eglise le 29 juillet.

     Dans un décret publié le 2 février 2021, le préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, le cardinal Robert Sarah, explique que « dans la maison de Béthanie, le Seigneur Jésus a fait l’expérience de l’esprit de famille et de l’amitié » : « Marthe lui offrit généreusement l’hospitalité, Marie écouta attentivement ses paroles et Lazare sortit rapidement du tombeau sur l’ordre de Celui qui a humilié la mort. »

Voici notre traduction de l’article de Marcelo Figueroa.

HG

 

La grandeur de ce qui est petit

 

     Voir l’universel sans perdre de vue le familier. Éprouver de la compassion pour le monde sans négliger la miséricorde pour vos proches. Équilibrer la tension entre la fraternité en tant que prochain et la famille parce qu’elle est proche. Traverser ce temps de pandémie tenus par la main par un Christ incarné, symbole d’une humanité complète, comprenant son kairos d’amour infini pour la faiblesse individuelle. Avoir la capacité d’examiner l’histoire actuelle à la lumière des événements dramatiques vécus, sans perdre la grandeur de s’arrêter sur ce qui est petit, comme un instant infini. Une goutte d’éternité dans une espace petit et proche au milieu d’une mer fouettée par une tempête inattendue et planétaire.

 

      Le 26 janvier dernier, en la mémoire liturgique des saints évêques Timothée et Tite, le cardinal Robert Sarah et l’archevêque Arthur Roche, respectivement préfet et secrétaire de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements, ont signé un décret de modification dans le Calendrier romain général concernant la date du 29 juillet, qui célèbrera à partir de cette année les saints Marthe, Marie et Lazare. Le décret rappelle que « dans la maison de Béthanie, le Seigneur Jésus a fait l’expérience de l’esprit de famille et de l’amitié de Marthe, Marie et Lazare ; c’est pour cette raison que l’évangile de Jean affirme qu’il les aimait ». Puis il ajoute : « Marthe lui offrit généreusement l’hospitalité, Marie écouta docilement ses paroles et Lazare sortit promptement du tombeau sur l’ordre de celui qui a humilié la mort ». Et il conclut : En accueillant la proposition de ce Dicastère, le souverain pontife François a établi que figure dans le Calendrier romain la mémoire des saints Marthe, Marie et Lazare le 29 juillet ».

 

      Dans cette histoire évangélique johannique, on perçoit comme rarement ailleurs, la tension entre les opposés dans les temps qui précèdent le chemin de la passion, de la mort et de la résurrection de Jésus. Le Seigneur se dirigeait vers Béthanie, tout en sachant qu’il s’exposait ainsi à une accélération du processus final déjà orchestré par le Sanhédrin, qui cherchait seulement une opportunité pour le mettre en œuvre. Dans une certaine mesure, percevant cette dangereuse tension, certains de ses disciples lui dirent : « Rabbi, tout récemment, les Juifs, là-bas, cherchaient à te lapider, et tu y retournes ? » (Jean, 11, 8). Il apparaît clairement, dans la réponse énigmatique de Jésus, que sa vision des temps et des événements ne coïncidaient pas avec la leur : « N’y a-t-il pas douze heures dans une journée ? Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu’il voit la lumière de ce monde ; mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n’est pas en lui ». Il s’exprima ainsi, puis il leur dit : « Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais aller le tirer de ce sommeil » (ibid. 11, 9-11). De la même façon, on en déduit que, pour Jésus, le voyage pédagogique qui devait conduire à la résurrection de son ami Lazare était nécessaire pour témoigner de son pouvoir sur la mort et sur ses temps, mais également pour accélérer définitivement sa fin : « A partir de ce jour-là, ils décidèrent [le Sanhédrin] de le tuer » (ibid., 11, 53). Sa victoire sur la tension entre la vie, la mort et ses temps chronologiques et infinis était l’élan qui dépassait la tension des opposés. « Je suis la résurrection et la vie ; qui croit en moi, même s’il meurt, vivra » (ibid., 11, 25).

 

      Dans son récent message pour la XXVème Journée mondiale de la vie consacrée, le pape François a affirmé : « J’aime évoquer Romano Guardini qui disait : la patience est une façon dont Dieu répond à notre faiblesse, pour nous donner le temps de changer ». Avec ce voyage inattendu, dangereux et apparemment inopportun et inutile, Jésus désirait donner également une leçon de patience, en raison de leur faiblesse, à ses disciples, pour qui cette tension était insupportable. C’est la même impatience qu’ont éprouvé auparavant Marthe, puis Marie lorsqu’elles accueillirent Jésus après la mort de son ami : « si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort ! » (Jean, 11, 21 et 32). Jésus aussi désirait passer un temps de guérison, dans la proximité de la vie quotidienne avec cette famille qu’il aimait tant. La maison de Marie, Marthe et Lazare était pour le Seigneur un lieu accueillant, avec le parfum des villages et la saveur de l’amitié paysanne. Jésus, qui allait se lancer dans un univers infini, après son passage dans la majestueuse Jérusalem, ne se priva pas, même en cette circonstance du temps nécessaire pour visiter ces périphéries paysannes qui faisaient partie de lui et qu’il aimait.

 

      Suivant l’œuvre et la pensée de Guardini, Der Gegensatz développe la signification profonde de l’importance de la tension des opposés. Opposés qui, loin d’être un problème, représentent une solution qui va au-delà de tout raidissement d’une vision binaire et hégémonique de la réalité théologique, sociale et anthropologique. Parce que cette vision statique et unipolaire paralyse, obnubile la pensée et ne laisse pas de place à l’action rénovatrice de Dieu. Guardini soutenait ceci : « Nous ne pouvons pas accepter que se consolide une société duelle ». En ce sens, nous pourrions dire que s’applique également la devise de l’Hypérion de Hölderlin : « Ne pas mettre de limite à ce qui est grand, mais se concentrer sur ce qui est petit ».

 

     Il convient de regarder la pandémie mondiale avec un regard universel. Et de constater l’inégalité de l’accès aux services sanitaires pour les pays et continents pauvres et maintenant la scandaleuse asymétrie dans la disponibilité des vaccins sur la base des possibilités économiques de chaque Etat singulier. Mais il faut également « tendre l’arc » des opposés pour se rapporter à ce qui est petit et qui, précisément, représentant ce qui est tangible, quotidien et familier, assume une dimension de cicatrisation de la situation dans une optique chrétienne. C’est pourquoi se concentrer sur ce qui se passe dans mon village, ma famille, ma communauté, représente un regard incontournable que, comme pour certains disciples de Jésus, beaucoup ne comprendront pas. Nous avons besoin de patience pour regarder le quotidien, ce qui est proche et familier, la patience qui peut transformer notre être faible en conversion spirituelle pour Jésus, Seigneur du temps et de l’histoire. Naturellement, nous ne devons pas oublier qu’en harmonie avec notre catholicité spirituelle, la limite est l’humanité tout entière et la justice intégrale, à la lumière de l’herméneutique du royaume de Dieu et de sa justice. Mais en ce moment, il est aussi important de retrouver la grandeur de ce qui est petit, comme le fit Jésus qui ne négligea pas, sur son chemin vers le salut universel, d’être proche d’une famille aimée et petite comme celle de Marie, Marthe et Lazare.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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13 février 2021 6 13 /02 /février /2021 08:38
     Nous restons encore profondément marqués par le passage du P. Pedro OPEKA, à Ste Livrade, il y a une quinzaine d'année. Merci P. Pedro et Akamasoa!                   
PEDRO OPEKA

MAMYRAEL/AFP/East News Père Pedro Opeka.

Agnès Pinard Legry - Publié le 11/02/21

 

 

Le père Pedro Opeka et sa communauté d’Akamasoa, à Madagascar, ont été nominés pour le prix Nobel de la paix 2021. C’est le Premier ministre slovène, Janez Janša, pays natal du père lazariste, qui a proposé sa candidature.

       La sixième fois sera-t-elle la bonne ? Missionnaire lazariste à Madagascar, le père Pedro Opeka, né en Argentine d’une famille d’origine slovène, a été nominé avec sa communauté d’Akamasoa (la « Cité de l’amitié ») qu’il a fondé pour le prix Nobel de la paix 2021. Proposant sa candidature, le Premier ministre slovène Janez Janša a défendu cette candidature en citant ce que l’ancien président de Madagascar avait dit du père Pedro en 2014 : « un phare vivant d’espérance et de foi dans la lutte contre la pauvreté ».

      Déjà nominé à cinq reprise pour ce prix, le père Pedro Opeka fait partie de ces artisans de paix discret et efficace, œuvrant au quotidien au service des plus pauvres et des plus démunis. Engagé depuis près de 50 ans auprès des plus pauvres à Madagascar, cet homme d’une édifiante détermination, a construit Akamasoa, une véritable ville des pauvres, sur les hauteurs d’Antananarivo, la capitale du pays. Ce lieu hors du commun dédié aux exclus et aux laissés-pour-compte accueille aujourd’hui 25.000 habitants. Akamasoa, l’association qui porte son nom, est déjà venue en aide à 500.000 Malgaches.

À la fin, nous allons gagner.

       « Je ne peux pas parler tranquillement après avoir vécu 48 ans à Madagascar avec tous les pauvres que j’ai vus mourir », confiait-il à Aleteia en novembre 2018 lors de son passage à Paris. « Venez passer un moment avec notre peuple, notre culture, partager un peu de quotidien. […] Si vous venez dans un pays pauvre, venez humblement vivre avec eux ». Car la pire chose, pour lui, c’est l’indifférence. « Je ne crois pas à la fatalité », s’était-il exclamé avec fougue. « À la fin, nous allons gagner ».

 

       Sa mission, connue et soutenue par des milliers de personnes, a également reçu le soutien du pape François qui est allé lui rendre visite lors de son voyage à Madagascar en 2018.  Cette visite, qui sonne comme un hommage, marque l’intérêt du Pape pour le travail titanesque accompli par le père Pedro, véritable Iron Man de la charité, qu’il a déjà rencontré à deux reprises.




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Le Père Pedro, une révolte au service des plus pauvres


 

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12 février 2021 5 12 /02 /février /2021 07:49
 
Le pape avec une personne âgée © Vatican Media

Le pape avec une personne âgée © Vatican Media

Vieillir en famille et dans son milieu naturel, le plaidoyer du Vatican

« Être âgé est un don de Dieu et une énorme ressource »

      « Créer les meilleures conditions » afin que les personnes âgées puissent vivre leur vieillesse « dans le milieu qui leur est familial, avec leurs amitiés habituelles » : c’est le plaidoyer du Vatican, dans un document publié ce 9 février 2021 par l’Académie pontificale pour la vie. Il s’agit notamment de faire évoluer la réalité des maisons de retraite, apparentées à des hôpitaux dont les patients ne ressortent jamais.

      « Qui ne voudrait pas continuer à vivre chez soi, dans sa maison, entouré de ses êtres aimés et de ses proches les plus chers même lorsque nous devenons plus fragiles ? La famille, la maison et notre environnement représentent le choix naturel pour quiconque », peut-on lire dans ce texte intitulé « La vieillesse : notre avenir / La condition des personnes âgées après la pandémie ».

      Dans un monde à l’espérance de vie allongée, où coexistent souvent quatre générations, l’Académie encourage « une nouvelle vision », qui permette à la société « de prendre soin des personnes âgées ». Elle appelle à « rendre nos villes des lieux inclusifs et accueillants pour la vie des personnes âgées », formulant des recommandations concernant le logement, les soins à domicile, le personnel soignant, les nouvelles technologies, afin de prendre en charge la personne âgée « sur le lieu où se déroule son existence ».

     « Etre âgé, affirme aussi le document, est un don de Dieu et une énorme ressource, une conquête à sauvegarder avec soin, même lorsque la maladie devient invalidante. »

Le texte souligne longuement « la force de la fragilité » : la vieillesse, peut-on y lire, est « l’âge propice à l’abandon à Dieu ». Et la faiblesse des personnes âgées est « provocatrice » : « elle invite les plus jeunes à accepter la dépendance vis-à-vis des autres comme une façon d’affronter la vie. Seule une culture juvénile fait en sorte que le terme « âgé » soit interprété comme méprisant. Une société qui sait accueillir la faiblesse des personnes âgées est capable d’offrir à tous une espérance pour l’avenir. »

LA VIEILLESSE : NOTRE AVENIR

La condition des personnes âgées après la pandémie

Une leçon à apprendre

Le temps est à présent venu de « trouver le courage d’ouvrir des espaces où tous peuvent se sentir appelés, et permettre de nouvelles formes d’hospitalité et de fraternité ainsi que de solidarité »[1]. C’est ainsi que s’exprimait le Pape François, dans sa prière du 27 Mars 2020, sur une place Saint-Pierre vide, après avoir rappelé à tous : « Avides de gains, nous nous sommes laissé absorber par les choses et étourdir par la hâte. Nous ne nous sommes pas arrêtés face à tes rappels, nous ne nous sommes pas réveillés face à des guerres et à des injustices planétaires, nous n’avons pas écouté le cri des pauvres et de notre planète gravement malade. Nous avons continué notre route, imperturbables… »[2].

L’Académie pontificale pour la Vie – en accord avec le Dicastère pour le Développement Humain Intégral – s’est sentie interpellée à intervenir avec une réflexion sur les enseignements à tirer de la tragédie de la pandémie, sur ses conséquences pour aujourd’hui et pour le proche avenir de nos sociétés. C’est dans cette perspective que l’on peut également lire les documents » publiés précédemment par l’Académie : « Pandémie et Fraternité universelle »[3] et « ‘Humana Communitas’[4] à l’époque de la pandémie. Réflexions inachevées sur la renaissance de la vie »[5].

La pandémie a fait émerger une double conscience : d’une part, l’interdépendance entre tous et d’autre part, la présence de fortes inégalités. Nous sommes tous aux mains de la même tempête, mais dans un certain sens, l’on peut également dire que nous sommes en train de ramer sur des bateaux très différents : les plus fragiles coulent chaque jour. Il est indispensable de repenser le modèle de développement de la planète tout entière. Tous sont interpellés : la politique, l’économie, la société, les organisations religieuses, afin d’engager une nouvelle organisation sociale qui mette au centre le bien commun des peuples. Il n’y a plus rien de « privé » qui ne soit également en mesure de mettre en jeu la forme « publique » de toute la communauté. L’amour pour le « bien commun » n’est pas une idée fixe chrétienne : son articulation concrète est à présent devenue une question de vie ou de mort, en vue d’une coexistence à la hauteur de la dignité de chaque membre de la communauté. Toutefois, pour les croyants, la fraternité solidaire est une passion évangélique : elle ouvre l’horizon pour une origine plus profonde et vers une destination plus élevée.

C’est dans ce difficile contexte qu’apparaît la dernière encyclique du Pape François, « Fratelli tutti » qui trace providentiellement l’horizon dans lequel se situer afin de dessiner cette « proximité » au monde des personnes âgées qui a été, jusqu’à présent, « écarté » par l’attention publique. En effet, les personnes âgées ont été parmi les plus touchées par la pandémie. Le nombre de décès enregistrés parmi les personnes de plus de 65 ans est impressionnant. Ainsi, le Pape François ne manque pas de le relever : « Nous avons vu ce qui est arrivé aux personnes âgées dans certaines parties du monde à cause du coronavirus. Elles ne devaient pas mourir de cette manière. Mais en réalité, quelque chose de similaire s’était déjà produit à cause des vagues de chaleur et dans d’autres circonstances : elles ont été cruellement marginalisées. Nous ne nous rendons pas compte qu’isoler les personnes âgées, tout comme les abandonner à la charge des autres sans un accompagnement adéquat et proche de la part de la famille, mutile et appauvrit la famille elle-même. En outre, cela finit par priver les jeunes de ce contact nécessaire avec leurs racines et avec une sagesse que la jeunesse laissée à elle seule ne peut atteindre »[6].

Le document que le Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie a publié le 7 Avril 2020, quelques semaines après le début du confinement (lockdown) dans certains pays européens, se concentre sur la situation difficile des personnes âgées et identifie la solitude et l’isolement comme les principales raisons pour lesquelles le virus s’abat si durement sur cette génération. Ce texte affirme que « les personnes âgées qui vivent dans des établissements d’accueil méritent une attention particulière : nous entendons chaque jour de terribles nouvelles sur leur état et des milliers de personnes ont déjà perdu la vie dans ces structures. La concentration au même endroit de tant de personnes fragiles et la difficulté de trouver les équipements de protection ont créé des situations très difficiles à gérer, et ce, en dépit de l’abnégation et, dans certains cas, du sacrifice du personnel soignant » [7].

Le Covid-19 et les personnes âgées

Au cours de la première vague de la pandémie, une partie considérable des décès dus au Covid-19 s’est produite au sein d’institutions pour personnes âgées, des lieux qui auraient dû protéger la « partie plus fragile de la société », et où, au contraire, la mort a frappé de manière disproportionnée, encore plus, par rapport au foyer et à l’environnement familial. Le chef du Bureau européen de l’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré qu’au printemps 2020 près de la moitié des décès dus au coronavirus dans cette région s’est produite dans des maisons de soins : une « tragédie inimaginable », a-t-il ainsi commenté[8]. Des calculs comparatifs des données, l’on remarque que la « famille », à égalité de conditions, a par contre protégé beaucoup plus les personnes âgées.

La mise en institutionnalisation des personnes âgées, surtout de celles qui sont les plus vulnérables et les plus seules, proposée comme la seule solution possible pour les prendre en charge, révèle dans de nombreux contextes sociaux un manque d’attention et de sensibilité à l’égard des plus faibles, envers lesquels il serait plutôt nécessaire d’employer des moyens et des financements propres à assurer les meilleurs soins possibles à ceux qui en ont le plus besoin, dans un environnement plus familier. Une telle approche manifeste de manière évidente ce que le pape François a défini comme la culture du rebus[9]. Les risques liés à cet âge tels que la solitude, le dépaysement, la perte de la mémoire et de l’identité, ainsi que la dégradation cognitive peuvent, dans ces contextes, se manifester plus facilement, alors que la vocation de ces établissements devrait être, au contraire, l’accompagnement familial, social et spirituel de la personne âgée dans le plein respect de sa dignité, sur un chemin souvent marqué par la souffrance.

Le Pape François le soulignait déjà durant les années où il était archevêque de Buenos Aires : « L’élimination des personnes âgées de la vie de la famille et de la société représente l’expression d’un processus pervers dans lequel n’existe plus la gratuité, la générosité, cette richesse de sentiments qui font que la vie n’est pas seulement donner et avoir, c’est-à-dire un marché… Éliminer les personnes âgées est une malédiction que notre société s’auto-inflige souvent » [10].

Il est donc plus que jamais opportun d’engager immédiatement une réflexion attentive, clairvoyante et honnête sur la façon dont la société contemporaine doit se faire « proche » de la population âgée, surtout celle qui est la plus faible. Par ailleurs, ce qui s’est passé au cours du Covid-19 empêche de liquider la question des soins aux personnes âgées par la recherche immédiate de boucs émissaires, d’individus coupables et demande, en revanche, que se lève un chœur visant à défendre les excellents résultats de ceux qui ont évité la contagion dans les établissements de soins de longue durée. Nous avons besoin d’une nouvelle vision, d’un nouveau paradigme qui permette à la société de prendre soin des personnes âgées.

La bénédiction d’une longue vie

L’exigence d’une réflexion nouvelle et sérieuse, capable d’impliquer la société à tous les niveaux, s’impose également à la suite des grands changements démographiques auxquels nous assistons tous.
Du point de vue statistique et sociologique, les hommes et les femmes ont en général aujourd’hui une espérance de vie plus longue. En liaison avec ce phénomène, l’on enregistre une réduction drastique de la mortalité infantile. Dans de nombreux pays du monde, cela a conduit à la coexistence de quatre générations. Ce fait incroyable, qui aurait beaucoup à nous dire sur l’importance d’apprendre à valoriser les relations intergénérationnelles, est sans aucun doute le fruit du progrès médico-scientifique, d’une assistance sanitaire plus évoluée, de soins plus répandus, ainsi que d’une vie sociale plus solidaire. La planète est en train de changer de visage, mais les sociétés – dans leurs articulations – doivent en prendre plus de conscience.

Cette grande transformation démographique représente, en effet, un défi culturel, anthropologique, économique. Les données nous indiquent que la population âgée croît plus rapidement dans les zones urbaines que dans les zones rurales, et que la concentration de personnes âgées dans ces zones y est plus forte. Ce phénomène indique, entre autres, un facteur qui a un impact important, à savoir la différence des risques de mortalité, qui ont tendance à être plus faibles dans les zones urbaines. Contrairement à ce qu’une vision stéréotypée pourrait laisser penser, les villes sont, à l’échelle mondiale, des lieux où l’on vit en moyenne davantage. Les personnes âgées y sont donc nombreuses, mais il est indispensable que nous rendions les villes habitables pour elles aussi. Selon les données de l’Organisation Mondiale de la Santé, en 2050, dans le monde, il y aura deux milliards de personnes de plus de 60 ans : une personne sur cinq sera donc une personne âgée[11]. Rendre nos villes des lieux inclusifs et accueillants pour la vie des personnes âgées, et, en général, pour toutes les formes de fragilité est donc essentiel.

Comme l’avait soulevé le Pape François, « à la vieillesse correspondent des époques différentes de la vie : pour beaucoup, elle est l’âge où cesse l’engagement productif, où les forces déclinent et où les signes de maladie, de besoin d’aide et d’isolement social apparaissent ; mais pour beaucoup elle est le commencement d’une longue période de bien-être psycho-physique et de liberté des obligations de travail. Dans les deux cas, comment vivre ces années ? Quel sens donner à cette phase de la vie qui, pour beaucoup, peut être longue ? »[12]. Dans notre société, souvent prévaut l’idée de la vieillesse comme celle d’un âge malheureux, toujours et seulement conçu comme l’âge de la prise en charge, du besoin et des frais pour les soins médicaux. Il y a 2000 ans, Terenzio Afro parlait de « senectus ipsa est morbus », à savoir de la vieillesse comme maladie en soi. Pourtant, dans la Bible, la longévité est considérée comme une bénédiction. « Elle nous confronte à notre fragilité, à la dépendance réciproque, aux liens familiaux et communautaires, et surtout à notre filiation divine ». « La vieillesse – comme l’a bien souligné le Pape François – n’est pas une maladie, elle est un privilège ! La solitude peut être une maladie, mais avec la charité, la proximité et le réconfort spirituel nous pouvons la guérir ».

En tout cas, être âgé est un don de Dieu et une énorme ressource, une conquête à sauvegarder avec soin, même lorsque la maladie devient invalidante et que des soins intégrés et de grande qualité deviennent nécessaires. Et il est indéniable que la pandémie a renforcé en nous tous la conscience que la « richesse des années » est un trésor à valoriser et à protéger[13].

Un nouveau modèle de soins et d’aide pour les personnes âgées les plus fragiles

Au niveau culturel et de conscience civile et chrétienne, il est plus que jamais opportun de repenser en profondeur les modèles d’aide pour les personnes âgées.

Apprendre à « honorer » les personnes âgées est crucial pour l’avenir de nos sociétés et, en fin de compte, pour notre avenir. « Il y a un très beau commandement dans les Tables de la Loi, beau parce qu’il correspond à la vérité́, capable de générer une réflexion profonde sur le sens de notre vie : « honore ton père et ta mère ». L’honneur en hébreu signifie le « poids », la valeur ; l’honneur signifie reconnaître la valeur d’une présence : à savoir celle de ceux qui nous ont engendrés à la vie et à la foi […]. La réalisation d’une vie pleine et de sociétés plus justes pour les nouvelles générations dépend de la reconnaissance de la présence et de la richesse que les grands-parents et les personnes âgées constituent pour nous, dans tous les contextes et lieux géographiques du monde. Et cette reconnaissance a pour corollaire le respect, qui est tel s’il s’exprime par l’accueil, la sollicitude et la valorisation de leurs qualités »[14] et de leurs besoins.

Parmi ces derniers, nous devons sans aucun doute créer les meilleures conditions afin que les personnes âgées puissent vivre cette phase particulière de leur vie, autant que possible, dans le milieu qui leur est familial, avec leurs amitiés habituelles. Qui ne voudrait pas continuer à vivre chez soi, dans sa maison, entouré de ses êtres aimés et de ses proches les plus chers même lorsque nous devenons plus fragiles ? La famille, la maison et notre environnement représentent le choix naturel pour quiconque.

Certes, tout ne peut pas toujours rester inchangé par rapport à lorsque l’on était plus jeune ; parfois, des solutions sont nécessaires qui rendent vraisemblable des soins à domicile. Dans certaines situations, notre maison ne semble plus suffire ou est inadéquate. Dans ces cas-là, il ne faut pas se laisser entraîner par une « culture du rebut », qui peut se manifester par la paresse ou par le manque d’imagination dans la recherche de solutions qui soient efficaces, lorsque la vieillesse signifie également l’absence d’autonomie. Mettre au centre de l’attention la personne, avec ses besoins et ses droits, est une expression de progrès, de civilisation et d’authentique conscience chrétienne.

La personne doit donc être au cœur de ce nouveau paradigme d’aide et de soin des personnes âgées les plus fragiles. Chaque personne âgée est différente de l’autre, la singularité de chaque histoire ne peut être négligée : sa biographie, son milieu de vie, ses relations actuelles et passées. Afin d’identifier de nouvelles perspectives de logement et d’aide, nous devons partir d’une considération attentive de la personne, de son histoire et de ses exigences. La mise en œuvre de ce principe implique une intervention articulée, à différents niveaux, qui doit être en mesure de réaliser un continuum d’aide entre le logement et certains services extérieurs, sans que se produisent des césures traumatiques, qui ne sont certes pas adaptées à la fragilité du vieillissement.

Dans cette perspective, une attention particulière doit être réservée aux logements, afin que ceux-ci soient adaptés aux exigences de la personne âgée : l’existence de barrières architecturales ou l’inadaptation des équipements hygiéniques, le manque de chauffage, ou encore la pénurie d’espace, doivent avoir des solutions concrètes. Lorsque l’on tombe malade ou que l’on devient plus faible, tout peut se transformer en un obstacle insurmontable. L’aide à domicile doit être intégrée, avec la possibilité de soins médicaux à domicile ainsi qu’une adéquate distribution de services sur le territoire. En d’autres mots, il est nécessaire et urgent de mette en œuvre une « prise en charge » de la personne âgée sur le lieu où se déroule son existence. Tout cela exige un processus de conversion sociale, civile, culturelle et morale. Ce n’est qu’ainsi que l’on répond de manière adéquate à la demande de proximité des personnes âgées, surtout de celles qui sont les plus faibles et les plus vulnérables.

Il faut augmenter les figures des personnels soignants (care-giver), une profession qui est déjà présente dans les sociétés occidentales. D’autres professionnalismes sont également à encadrer au sein de cadres normatifs, de façon à valoriser les talents et à soutenir les familles. Tout ceci peut permettre aux personnes âgées de vivre de façon « familiale » cette phase de leur existence.

Une aide importante peut être apportée par la mise en œuvre des nouvelles technologies et des progrès de la télémédecine et de l’intelligence artificielle : si ces moyens sont bien utilisés et bien distribués, ils peuvent créer, autour du logement de la personne âgée, un système intégré d’aides et de soins, permettant de rendre possible la permanence chez elle, dans sa propre maison, ou chez les membres de sa famille. Une alliance attentive et créative entre les familles, le système socio-sanitaire, le bénévolat et tous les acteurs sur le terrain, peut éviter qu’une personne âgée soit obligée de devoir quitter sa propre habitation. Il ne s’agira donc pas seulement d’ouvrir des structures ayant un nombre limité de lits, ou de fournir un jardin ou un animateur du temps libre. Au contraire, c’est une personnalisation de l’intervention socio-sanitaire et d’aide qui est plutôt nécessaire. Cette dernière pourrait constituer une réponse concrète à l’invitation de la part de l’Union européenne à promouvoir de nouveaux modèles de soin pour les personnes âgées[15]. Dans cet horizon, il faut promouvoir avec créativité et intelligence l’independant living, l’assisted living, le co-housing et toutes ces expériences qui s’inspirent au concept-valeur de l’aide réciproque, tout en permettant à la personne de maintenir une propre vie autonome.

De telles expériences permettent, en effet, de vivre dans un logement privé, tout en bénéficiant des avantages de la vie communautaire, dans un bâtiment équipé, avec un système de gestion du quotidien totalement partagé, ainsi que certains services assurés, tels que l’infirmier à domicile. En s’inspirant du voisinage traditionnel, celles-ci permettent de combattre de nombreuses difficultés des villes modernes telles que la solitude, les problèmes économiques, la carence de liens vitaux ou le simple besoin d’aide. Telles sont les raisons fondamentales de leur succès et de leur large diffusion dans le monde entier. Aujourd’hui, l’on utilise différentes définitions et il y a différentes typologies de résidence possibles : celles qui sont intergénérationnelles, qui prévoient la présence de noyaux avec des tranches d’âge différentes, mais prédéfinies ; celles qui n’accueillent que des personnes âgées, mais qui ont des caractéristiques particulières ou celles qui ne sont réservées qu’aux femmes âgées ; celles qui rassemblent des familles jeunes avec enfants ainsi que des célibataires ; ou encore, celles qui prévoient l’intégration d’opérateurs externes pour certains services de soins, et bien d’autres encore[16]. Dans certains cas, il est également apparu nécessaire d’offrir l’hospitalité aux personnes âgées, qui étaient précédemment institutionnalisées, et qui souhaitent commencer « une nouvelle vie » en quittant ces contextes qui les avaient accueillies pendant des années.

Il s’agit là de formules de logement et d’aide qui requièrent un profond changement de mentalité et d’approche envers l’idée même de la personne âgée comme étant fragile, mais qui est encore capable de donner et de partager : une alliance entre générations qui peut devenir une force au temps de la faiblesse.

Requalifier la maison de retraite dans un « continuum » socio-sanitaire

Dans cette optique, les maisons de retraite devraient se requalifier dans un continuum socio-sanitaire, c’est-à-dire offrir certains de leurs services directement au sein même des domiciles des personnes âgées : hospitalisation à domicile, prise en charge de la personne individuelle, avec des réponses d’aide modulées sur les besoins personnels, à basse ou à haute intensité, où l’aide socio-sanitaire intégrée et le caractère domiciliaire restent le pivot d’un nouveau paradigme moderne. À l’occasion de la Journée mondiale de sensibilisation contre la maltraitance des personnes âgées, le Pape François a souligné : « La pandémie du COVID19 a montré que nos sociétés ne sont pas assez organisées pour faire de la place aux personnes âgées, avec un juste respect pour leur dignité et leur vulnérabilité. Là où il n’y pas de soin pour personnes âgées, il n’y a pas de futur pour les jeunes »[17]. Les données que l’Organisation Mondiale de la Santé publie chaque année, à l’occasion de cette Journée internationale, sont un triste écho aux paroles du Pape concernant la présence d’abus qui, dans les contextes institutionnalisés, se produisent le plus fréquemment[18].

Tout cela rend d’autant plus évidente la nécessité de soutenir les familles qui, surtout si elles sont composées par un petit nombre d’enfants et de petits-enfants, ne sont pas en mesure de supporter seules, dans une habitation, la responsabilité parfois épuisante de prendre soin d’une maladie exigeante et coûteuse en termes d’énergie et d’argent. Il faut réinventer un réseau de solidarité qui soit plus ample, et qui ne soit pas nécessairement et exclusivement fondé sur des liens de sang, mais qui soit articulé selon les appartenances, les amitiés, le sentiment commun, la générosité réciproque dans la réponse aux besoins des autres. En effet, le déclin des relations sociales frappe tout particulièrement les personnes âgées : au fur et à mesure que l’âge avance et que se développent des fragilités physiques et cognitives, il leur manque souvent des figures de référence, des personnes sur lesquelles pouvoir compter afin d’affronter tous les problèmes de leur vie. Certaines enquêtes historiques, de grande envergure, menées par exemple aux États-Unis, révèlent qu’entre 1985 et 2004, les réseaux d’amitié et de soutien ont subi une réduction drastique : si en 1985, les personnes pouvaient compter sur environ trois personnes de confiance, en 2004 ce nombre tombe à une. Cette perte concerne en particulier et surtout les amis plus que les personnes de famille. Ce phénomène représente un driver de grande importance dans la détermination de cette explosion de la demande sanitaire, qui ne trouve pas aujourd’hui de réponses sociales adéquates et qui ne doit pas être qualifiée d’impropre, au moment où la dégénérescence de notre propre réseau de relations sociales représente en soi un fait susceptible de détériorer toute condition de santé physique et mentale.

C’est pourquoi il est important d’inverser cette tendance, y compris à l’aide de plans attentifs qui soient en mesure de promouvoir, aussi bien du point de vue civil qu’ecclésial, l’attention et le soin envers les personnes qui vieillissent afin qu’elles ne soient pas laissées seules.

Dans différents pays, les maisons de repos ont été la réponse, au cours des dernières décennies, à une demande croissante, venant d’un monde en transformation, bien que de nombreuses personnes âgées continuent de vivre dans leurs habitations et demandent à être appuyées et soutenues dans cette option fondamentale. Dans de nombreuses villes, il y a de nombreuses années, il existait des « lieux » et des structures qui étaient bien connus de l’imaginaire collectif, où les personnes âgées étaient destinées à vivre les dernières années de leur vie, soit parce qu’elles choisissaient ce lieu, soit parce qu’elles y étaient obligées en raison de leurs conditions personnelles. Au fil des ans, les maisons de repos se sont multipliées, tant en nombre qu’en type et en capacité résidentielle. L’Église catholique elle-même, à travers les diocèses et certains instituts religieux, a également offert et offre encore aujourd’hui sa propre contribution dans la gestion de nombreuses maisons de repos qui accueillent et viennent en aide aux personnes âgées. La présence de personnel religieux constitue un facteur d’indubitable valeur au sein d’institutions qui étaient déjà anciennes et qui jouissaient d’une grande estime, et qui ont constitué pour longtemps une solution concrète à une problématique sociale si complexe, comme celle du vieillissement. Il existe de nombreux exemples, d’une grande valeur, et qui montrent de fait comment il est possible d’humaniser l’aide aux personnes âgées qui sont les plus fragiles : des exemples de charité chrétienne, d’œuvres pieuses et d’institutions de longue date, qui ne lésinent pas leurs énergies et leurs efforts, même au milieu de situations économiques difficiles et presque ingérables.

Les familles, quant à elles, font souvent appel à la solution de l’hospitalisation au sein de structures publiques et privées par nécessité, dans l’espoir de pouvoir offrir à leurs proches une aide de qualité. Et il est indéniable que si jadis les familles nombreuses réussissaient à s’organiser dans le soin des membres de la famille les plus âgés, au sein même de leur propre habitation, aujourd’hui la structure modifiée des noyaux familiaux – « plus étroits », avec un réduction du nombre moyen de leurs composants, mais également « plus longs », avec trois générations ou plus en leur sein – et les exigences de travail complexes qui éloignent les adultes de la maison, transforment en un tout nouveau défi le fait de prendre soin des membres les plus âgés de la famille. Dans certains contextes sociaux pauvres, la solution institutionnelle peut constituer une réponse concrète à l’absence d’une propre habitation. Et si certaines personnes âgées choisissent elles-mêmes, en toute autonomie, de déménager dans des maisons de retraite pour trouver de la compagnie, une fois qu’elles sont restées seules, d’autres le font parce que la culture dominante les pousse à sentir qu’elles sont un fardeau et une gêne pour leurs enfants ou leurs familles.

Dans la plupart de ces structures, la dignité et le respect de la personne âgée ont toujours été les charnières de l’œuvre d’aide, faisant ressortir encore plus, par contraste, les épisodes de maltraitance et de violations des droits de l’homme, lorsque ces derniers ont été dévoilés. À cet égard, les systèmes socio-sanitaires et de soins, tant publics que privés, ont investi des ressources financières considérables dans les soins aux personnes du troisième et quatrième âge, en intégrant les maisons de repos.

Toutefois, au fil des années, les normes ont imposé une limitation de la dimension des grandes structures résidentielles, en les remplaçant par des unités plus petites et plus fonctionnelles aux besoins de leurs hôtes. Il est vrai que l’environnement des maisons de repos apparaît plutôt structuré comme un hôpital que comme une habitation, sans que subsiste toutefois l’élément le plus spécifique : à savoir, le fait qu’à l’hôpital, l’on entre avec l’espoir d’en sortir, une fois guéris. Il s’agit là d’un facteur qui est en train de faire émerger un certain malaise dans la conscience collective, aussi bien au niveau médical que culturel. C’est pour cette raison qu’il est important de préserver un tissu humain et un environnement d’aide et d’accueil où chacun peut s’occuper de l’autre, servir et rencontrer. Comme l’a rappelé le Pape François : « La personne âgée n’est pas un extra-terrestre. La personne âgée, c’est nous, dans peu de temps, dans longtemps, mais cependant inévitablement, même si nous n’y pensons pas. Et si nous apprenons à bien traiter les personnes âgées, nous serons traités de la même manière »[19].

Les personnes âgées et la force de la fragilité

Dans cet horizon, même les diocèses, les paroisses et les communautés ecclésiales sont invités à une réflexion plus attentive à l’encontre du monde des personnes âgées. Au cours des dernières décennies, les Papes sont intervenus à plusieurs reprises afin de solliciter le sens de responsabilité et le soin pastoral à l’égard des personnes âgées.

Leur présence est une grande ressource. Il suffit de penser au rôle déterminant que les personnes âgées ont eu dans la conservation et dans la transmission de la foi aux jeunes dans les pays en proie à des régimes athées et autoritaires. Sans compter ce que les grands-parents continuent à faire afin de transmettre la foi à leurs petits-enfants, « Dans les sociétés sécularisées de nombreux pays – a ainsi souligné le Pape François –, les générations actuelles de parents n’ont pas, pour la plupart, cette formation chrétienne et cette foi vivante, qu’au contraire les grands-parents peuvent transmettre à leurs petits-enfants. Ils sont le chaînon indispensable pour éduquer à la foi les petits et les jeunes. Nous devons nous habituer à les inclure dans nos horizons pastoraux et à les considérer, de manière non épisodique, comme une des composantes vitales de nos communautés. Ils ne sont pas seulement des personnes que nous sommes appelés à assister et à protéger pour préserver leur vie, mais ils peuvent être acteurs d’une pastorale évangélisatrice, témoins privilégiés de l’amour de Dieu »[20].

Certes, quant à elles, les personnes âgées doivent chercher à vivre avec sagesse leur vieillesse : « Être âgé contient aussi une grâce et une mission, une véritable vocation du Seigneur »[21]. C’est pourquoi « La pastorale des personnes âgées, comme toute pastorale, doit s’insérer dans la nouvelle saison missionnaire inaugurée par le pape François avec Evangelii gaudium. Cela signifie : annoncer la présence du Christ [également] aux personnes âgées. L’évangélisation doit viser la croissance spirituelle de chaque âge, car l’appel à la sainteté́ s’adresse à tous, même aux grands-parents. Toutes les personnes âgées n’ont pas encore rencontré le Christ, et même si elles l’ont fait, il est indispensable de les aider à redécouvrir le sens de leur Baptême dans une phase particulière de leur vie [afin de] redécouvrir l’émerveillement devant le mystère de l’amour de Dieu et de l’éternité́ ; […] découvrir au contraire la relation avec le Dieu de l’amour miséricordieux ; demander aux personnes âgées qui font partie de nos communautés d’être des acteurs de la nouvelle évangélisation afin de transmettre elles-mêmes l’Évangile. Elles sont appelées à être missionnaires »[22], comme à tout âge de la vie.

En ce sens, « l’Église [peut devenir] le lieu où les générations sont appelées à partager le projet d’amour de Dieu, dans un rapport d’échange réciproque des dons de l’Esprit Saint. Ce partage intergénérationnel nous oblige à changer notre regard sur les personnes âgées, pour apprendre à regarder vers l’avenir avec elles […]. Le Seigneur peut et veut écrire avec elles aussi des pages nouvelles, des pages de sainteté́, de service, de prière »[23].

En effet, les jeunes et les personnes âgées, en se rencontrant, peuvent apporter dans le tissu social cette nouvelle sève d’humanisme qui rendrait plus solidaire la société. À plusieurs reprises, le Pape François a exhorté les jeunes à être aux côtés de leurs grands-parents. Ainsi, le 26 Juillet 2020, au cœur de la pandémie, en s’adressant aux jeunes, le Pape a déclaré : « Je voudrais inviter les jeunes à accomplir un geste de tendresse envers les personnes âgées, en particulier les plus seules, dans les maisons et dans les résidences, celles qui ne voient plus leurs proches depuis tant de mois. Chers jeunes, chacune de ces personnes âgées est votre grand-parent ! Ne les laissez pas seules ! Utilisez l’imagination de l’amour, téléphonez, faites des appels vidéo, envoyez des messages, écoutez-les […]. Envoyez-leur un baiser ». C’est ainsi qu’en 2012, Benoît XVI eu l’occasion de déclarer : « Il ne peut y avoir de véritable croissance humaine et éducation sans un contact fécond avec les personnes âgées, parce que leur existence elle-même est comme un livre ouvert dans lequel les jeunes générations peuvent trouver de précieuses indications pour le chemin de la vie ».

La vieillesse rappelle également le sens du destin ultime de l’existence humaine. En 1999, Jean-Paul II écrivait aux personnes âgées : « Il est urgent de se replacer dans la perspective juste qui consiste à considérer la vie dans son ensemble. Et cette perspective juste, c’est l’éternité, dont la vie, dans chacune de ses étapes, est une préparation significative. Le temps de la vieillesse, lui aussi, a son rôle à jouer dans ce processus de maturation progressive de l’être humain en marche vers l’éternité. Si la vie est un pèlerinage vers la patrie céleste, la vieillesse est la période où il est le plus naturel de regarder le seuil de l’éternité »[24]. L’homme qui vieillit ne s’approche pas de la fin, mais du mystère de l’éternité ; pour le comprendre, il a besoin de s’approcher de Dieu et de vivre dans la relation avec Lui. Prendre soin de la spiritualité des personnes âgées, de leur besoin d’intimité avec le Christ et de partage de la foi est un devoir de charité dans l’Église.

Le témoignage que les personnes âgées peuvent donner avec leur fragilité est également précieux. Il peut être lu comme étant un « magistère », un enseignement de vie. C’est ce qu’exprime la rencontre de Jésus ressuscité avec Pierre sur les rives du lac de Tibériade. En s’adressant à l’apôtre, Jésus dit ainsi : « Quand tu étais plus jeune, tu te ceignais toi-même, et tu allais où tu voulais ; mais quand tu seras vieux, tu étendras tes mains, et un autre te ceindra, et te mènera où tu ne voudras pas » (Jn 21, 18). Tout le magistère de la personne qui s’affaiblit dans sa vieillesse semble ainsi se résumer dans ces paroles : « tendre les mains » pour se faire aider. Les personnes âgées nous rappellent la faiblesse radicale de chaque être humain, même lorsque nous sommes en bonne santé. Elles nous rappellent le besoin d’être aimés et soutenus. Dans la vieillesse, toute autosuffisance vaincue, l’on devient des mendiants d’aide. « Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2Co 12, 10), écrit l’apôtre Paul. Dans la faiblesse, c’est Dieu lui-même qui tend le premier sa main vers l’homme.

La vieillesse doit être également conçue dans cet horizon spirituel : c’est l’âge propice à l’abandon à Dieu. Tandis que le corps s’affaiblit, la vitalité psychique, la mémoire et l’esprit diminuent, la dépendance de la personne humaine à Dieu apparaît toujours plus évidente. Certes, il y a ceux qui peuvent ressentir la vieillesse comme une condamnation, mais aussi ceux qui peuvent la ressentir comme une occasion pour rétablir la relation avec Dieu. Une fois les étais humains tombés, la vertu fondamentale devient la foi vécue non seulement comme adhésion à des vérités révélées, mais également comme certitude de l’amour de Dieu qui n’abandonne pas.

La faiblesse des personnes âgées est aussi provocatrice : elle invite les plus jeunes à accepter la dépendance vis-à-vis des autres comme une façon d’affronter la vie. Seule une culture juvénile fait en sorte que le terme « âgé » soit interprété comme méprisant. Une société qui sait accueillir la faiblesse des personnes âgées est capable d’offrir à tous une espérance pour l’avenir. Enlever le droit à la vie de ceux qui sont fragiles, signifie au contraire voler l’espérance, surtout aux jeunes. C’est pourquoi écarter les personnes âgées – y compris avec le langage – est un grave problème pour tous. Cette attitude implique un message clair d’exclusion, qui est à la base de tant d’accueil manqué : de la personne conçue à celle qui a des handicaps, de l’émigré à celui qui vit dans la rue. Ainsi, la vie n’est pas accueillie dès lors qu’elle est trop faible et qu’elle a besoin de soins, elle n’est pas aimée dans sa transformation et elle n’est pas acceptée dans sa fragilisation. Malheureusement, il ne s’agit pas là d’une éventualité lointaine, mais de quelque chose qui arrive fréquemment, là où l’abandon, comme le répète le Pape, devient une forme d’euthanasie cachée[25] et propose un message qui met en danger la société tout entière. Il s’agit là d’une attitude dangereuse, qui manifeste clairement que l’opposé de la faiblesse n’est pas la force, mais l’hybris, comme l’appelait les Grecs : la présomption qui ne connaît pas de limites. Très répandue dans nos sociétés, elle engendre des colosses aux pieds d’argile. Présomption, orgueil, arrogance et mépris des faibles caractérisent ceux qui se croient forts. Une attitude qui est stigmatisée dans les Écritures : la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes (1Co 1, 25). Et ce qui est faible pour le monde, Dieu l’a choisi pour confondre les forts (1Co 1, 27). Non seulement le christianisme ne repousse pas et ne cache pas la faiblesse de l’homme, depuis la conception jusqu’au moment de la mort, mais elle lui confère l’honneur, le sens et également la force. Certes, l’on ne peut pas dire avec superficialité qu’en vieillissant l’on devient automatiquement meilleur : les défauts et les aspérités déjà présents à l’âge adulte peuvent s’accentuer, et la rencontre avec notre propre vieillesse et ses faiblesses peut représenter un temps de malaise intérieur, de fermeture envers les autres ou de refus de notre propre fragilité.

Mais les chrétiens – eux, en particulier – doivent s’interroger avec l’intelligence de l’amour afin d’identifier des perspectives et des voies nouvelles par lesquelles répondre au défi non seulement du vieillissement, mais plutôt de la faiblesse dans la vieillesse. Car il est indéniable que la maladie et la perte d’autonomie qui peuvent survenir créent des problèmes et une demande légitime d’aide.

Un récit évangélique, en particulier, met en lumière la valeur et les potentialités surprenantes de la vieillesse. Il s’agit de l’épisode de la Présentation au Temple du Seigneur, une fête qui, dans la tradition chrétienne orientale, est appelée « Fête de la Rencontre ». En effet, à cette occasion, deux personnes en âge avancé, Siméon et Anne, rencontrent l’Enfant Jésus : des personnes âgées fragiles le révèlent au monde comme lumière des nations et parlent de lui à ceux qui étaient en attente de l’accomplissement des promesses divines (cf. Lc 2, 32-38). Siméon prend Jésus dans ses bras : l’Enfant et le vieillard, presque à vouloir symboliser le début et la fin de l’existence terrestre, se soutiennent réciproquement : en effet, comme le proclament certains Hymnes liturgiques, « Le vieillard portait l’enfant, mais l’enfant dirigeait le vieillard ». L’espérance jaillit ainsi de la rencontre entre deux personnes fragiles, un Enfant et un vieillard, pour nous rappeler, en ces temps qui sont les nôtres et exaltent la culture de la performance et de la force, que le Seigneur aime révéler la grandeur dans la petitesse et la force dans la tendresse. Cet épisode, comme l’a souligné à maintes reprises le Saint-Père, marque également la rencontre entre les jeunes, représentés par Marie et Joseph, qui amènent l’Enfant au Temple, et les vieux Siméon et Anne, qui les accueillent et les instruisent. Cependant, dans cette rencontre, les rôles s’inversent : le texte biblique montre, à travers des répétitions récurrentes, comment les jeunes recherchent l’adhésion fidèle à la tradition, en s’en tenant à ce qui prescrivait « la Loi du Seigneur » (cf. 22-24, 27), tandis que les personnes âgées révèlent la nouveauté de l’Esprit (cf. 25-27), en prophétisant l’avenir.

Cela se produit dans le lit fécond de la rencontre ouverte et accueillante entre les jeunes et les personnes âgées, qui permet la réalisation d’une promesse ancienne : « Cet épisode accomplit ainsi la prophétie de Joël : ‘ Vos anciens seront instruits par des songes, et vos jeunes gens par des visions ‘ (3, 1). Dans cette rencontre, les jeunes voient leur mission et les anciens réalisent leurs rêves » [26]. L’avenir – semble ainsi nous dire cette prophétie – n’ouvre ainsi des possibilités surprenantes que si l’on cultive ensemble. C’est seulement grâce aux personnes âgées que les jeunes peuvent retrouver leurs racines et ce n’est que grâce aux jeunes que les personnes âgées retrouvent la capacité de rêver. Le Pape François en a rappelé à plusieurs reprises la nécessité, tant pour l’Église que pour la société, en proposant d’encourager avec audace les grands-parents à rêver : non seulement pour raviver en eux l’espérance, mais également pour donner aux jeunes générations la sève vitale, qui jaillit des rêves des personnes âgées, qui sont d’irremplaçables intermédiaires de mémoire, afin d’orienter sagement l’avenir. C’est pourquoi, priver les personnes âgées de leur « rôle prophétique », en les mettant de côté pour des raisons purement productives, provoque un appauvrissement incalculable, une perte impardonnable de sagesse et d’humanité. En mettant de côté les personnes âgées, l’on coupe les racines qui permettent à la société de croître vers le haut et de ne pas s’aplatir sur les besoins momentanés du présent.

Le paradigme que l’on veut proposer n’est pas une utopie abstraite ou une prétention naïve, mais il peut, au contraire, innerver et nourrir de nouvelles et plus sages politiques de santé publique, ainsi que des propositions originales d’un système de soins qui soit plus adapté à la vieillesse. Des propositions qui sont plus efficaces, outre que plus humaines. C’est ce qu’exige une éthique du bien commun ainsi que le principe du respect de la dignité de chaque individu, sans aucune distinction, y compris celle de l’âge. La société civile tout entière, l’Église et les différentes traditions religieuses, le monde de la culture, de l’école, du bénévolat, du spectacle, de l’économie et des communications sociales doivent ressentir la responsabilité de suggérer et de soutenir – au sein de cette révolution copernicienne – des mesures nouvelles et efficaces afin qu’il soit permis aux personnes âgées d’être accompagnées et aidées dans des milieux familiaux, à leurs domiciles ou, de toute façon, dans des environnements domestiques qui ressemblent le plus possible à un foyer plus qu’à un hôpital. Il s’agit d’une révolution culturelle qui doit être mise en œuvre. L’Académie pontificale pour la Vie sera attentive à indiquer ce chemin comme la voie la plus authentique pour témoigner de la vérité profonde de l’être humain : à l’image et à la ressemblance du Dieu, mendiant et maître d’amour.

 

+ Vincenzo Paglia                                                                                                                          Mgr Renzo Pegoraro

Président                                                                                                                                       Chancelier

 

 

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